Un vrai bon run (critique tome par tome)

Inondation - Aquaman (Rebirth), tome 1 (2018)

Un chouette début de run pour Dan Abnett avec un récit très DC Rebirth dans l'esprit.
Le début est un peu trop proche de ce qu'avait fait Geoff Johns du personnage mais Abnett arrive peu à peu à prendre sa propre direction dans cette histoire très super-héroïque mâtinée de politique sur fond de complot à l'échelle mondiale. Une lecture cool et un potentiel certain pour la suite, notamment dans ce que semble vouloir faire l'auteur de la société d'Atlantis.
Graphiquement, on oscille entre du très banal (Scot Eaton) et du plus racé (Brad Walker). Propre sans être extraordinaire, on soulignera tout de même la cohérence de style des différents artistes.
Franchement emballé !

Note : 7 (cœur)

Le Déluge - Aquaman (Rebirth), tome 2 (2018)

Abnett conclue son premier arc et continue de réaliser du bon boulot sur le personnage. Il creuse le statut politique d’Atlantis et de ses implications internationales et domestiques. Aquaman apparaît comme un héros progressiste, moins bourrin que sous la plume de Geoff Johns, et plutôt incompris sur terre comme sous les mers. Mera tient également un rôle important et la relation entre les deux personnages est un des points positifs du récit.
Les derniers numéros du recueil se laissent lire sans être extraordinaires et servent surtout de rampe de lancement à une suite qui s’annonce palpitante, tant au niveau du scénario que des dessins, avec une grosse rupture de statu quo et un retour de la cité d'Atlantis au premier plan !

Note : 7

Underworld - Aquaman (Rebirth), tome 3 (2018)

Belle prise de risque de la part d’Abnett et DC que ce quatrième tome. L’auteur change tout et passe d’une histoire de super-héros bien fichue mais classique à une sorte de thriller politique au cœur d’Atlantis. De nouveaux lieux et personnages sont introduits et l'ensemble est accrocheur mais je suis un peu déçu que l’auteur y aille au final avec le frein à main. C’est du bon comics mais les possibilités de construction d’univers sont énormes et pour le moment pas suffisamment exploitées. On aimerait vraiment voir plus de cette société atlantéenne mal en point, d'autant plus que le discours "social" d'Abnett est franchement intéressant pour ce type de medium. Espérons que ce soit le cas dans les prochains tomes.
Une vraie personnalité se dégage néanmoins du volume, qui doit beaucoup aux dessins de Stjepan Šejić. Son trait est immédiatement reconnaissable, ses personnages sont magnifiques (ça change de Scot Eaton) et ses designs inspirés. Mais sur ce point également, je reste un peu sur ma faim. Le rendu global est très sombre et les décors souvent floutés. Tout ça est logique pour une histoire se passant dans les profondeurs marines mais reste frustrant.
En somme, un tome aux qualités indéniables mais dont j'attendais peut-être un peu trop.

Note : 8 (cœur)

Détrôné - Aquaman (Rebirth), tome 4 (2018)

Une nouvelle réussite que ce court tome (trois épisodes de la série régulière et un annual) même si on pouvait en attendre encore un peu plus car le potentiel est encore une fois énorme. Abnett étend sa galerie de personnages secondaires et la met au service d’une intrigue au développement un peu trop rapide mais bien efficace. Il se dégage un truc très fort de ce « nouvel » Aquaman qui étonnamment est rarement apparu aussi royal et puissant.
Les dessins de Riccardo Federici et les couleurs de Sunny Gho aident beaucoup. Un style sans encrage, très européen, puissant et détaillé qui rappelle le boulot de Doug Braithwaite. Après la très belle prestation sur le dernier tome de Stjepan Šejić, on est quand même pas mal gâtés.
L’annual Crownspire est également une très jolie surprise. Pas forcément originale mais bien écrite, l’histoire de Phillip Kennedy Johnson est poignante et renoue avec l’un des épisodes tragiques du passé de Mera et Aquaman. J’ai beaucoup aimé le style énergique et le découpage ciselé de Max Fiumara, dans un style particulier un peu à la Daniel Warren Johnson.

Note : 8

Régicide - Aquaman (Rebirth), tome 5 (2019)

Une conclusion dans la lignée des précédents tomes : captivante, maîtrisée et proposant cette dimension épique propre aux fins de runs. Tout n’est pas parfait, certaines choses allant un peu vite et le crossover final avec la Suicide Squad étant très opportuniste, mais la série se termine avec un vrai bouleversement de statu quo qui laisse un vaste champ des possibles pour la suite.
Si le début de la série est accrocheur mais trop proche du travail de Geoff Johns, Abnett sera allé au bout de son idée pour proposer une deuxième partie très différente de la production générale sans renier l’héritage super-héroïque du personnage. Il aura creusé le potentiel d’Atlantis, l’un des aspects les plus intéressants de l’univers du personnage, en densifiant son lore, ses habitants et son système. Le message social, discret mais bien présent, est également à mettre en valeur. Notons enfin la mise en avant de Mera que l’on espère également retrouver à ce niveau dans la série suivante.
Cette personnalité, la série la doit aussi aux artistes artistes Stjepan Šejić et Riccardo Federici. Des prestations originales dans des styles que l’on voit rarement et qui apportent un vrai plus par rapport à la production actuelle du comics. Le numéro dessiné par Robson Rocha, présent dans ce dernier tome et futur dessinateur régulier de la série, laisse également augurer du bon pour la suite.
Une suite à retrouver en VF dans le tome 2 de New Justice et surtout dans l’excitant run de Kelly Sue Deconinck, publié en français sous le titre Arthur Curry : Aquaman.

Note : 8 (cœur)