Vous avez été déçus par le film de Frank Miller, j'ai votre remède :

Quand je parle du Spirit à mes amis, trois cas arrivent : soit ils pensent au film Spirit de Dreamworks, que je n'ai jamais vu car je m'en fous royalement. Soit, ils ne connaissent pas ou bien, parmi mes potes cinéphiles, ils pensent que je parle du film de Frank Miller qui est une sacré daube ( dixit moi-même, qui l'a noté 5/10 ).


Mais je pense qu'il est temps de remettre les pendules à l'heure, car avant d'être un produit pur Miller, il s'agissait d'un comic book des années 40, écrit et dessiné par Will Eisner. Et STOP ! Je m'arrête ici, pour dire que Will Eisner est une grosse, grosse pointure en terme de comics. Rien qu'en créant son personnage fétiche, il fera déjà une petite révolution,Eisner est surtout connu pour être l'inventeur du graphic novel techniquement non, mais c'est lui qui trouvera le nom et qui créera son fer de lance, en l'occurrence Un Pacte Avec Dieu ( que je vous recommande chaudement ). Plus qu'une simple appellation pour désigner de manière "sérieuse" un comic-book, le roman graphique se distingue par l'écriture plus sérieuse, plus longue, plus posée et pour la moitié des cas, assez réaliste, qui donnera naissance à des chef-d'œuvres indiscutables, tels que Sin City, (qui embrasse son côté roman car écrit tel un récit noir à la Ed McBain ou Richard Stark), Watchemen, Maus, Asterios Polyp, et j'en passe...


Bref, une sacré pointure ce Will !


Mais qu'en est-il de son Spirit ? C'est en 1940 pile, qu'il naîtra sous les pages d'un quotidien américain, en 12 a 16 pages, de manière quotidienne.


Son origin-story est on ne peut plus banale, même pour un perso du Golden Age :


Denny Colt, un détective en étroite collaboration avec la police tente de stopper un terroriste du nom de Dr. Cobra, s'apprêtant à lâcher un liquide toxique sur Central City, la ville où vit notre héros. Ce dernier réussit à vaincre le savant fou au prix de sa vie. Connu pour sa droiture et son courage, Colt est une grande perte pour la police, notamment pour Ellen ( elle été amoureuse de lui ) et son père le commissaire Dolan, jusqu'à ce que dernier apprend que Denny est toujours en vie, mais continue a se faire passe pour mort, pour mieux intervenir sous son alter-ego bleu et masqué : Le Spirit ! Ainsi, notre grand bleu fera face à un bon paquet de salopards, de fous, de criminels et de femmes fatales ( détective privé oblige ).


Mais du coup, qu'est-ce qui rend cette BD si géniale pour mériter ma note ? Tout simplement, parce qu'Eisner est un génie de la narration et du graphisme. Et comme j'aime toujours parler du visuel avant l'histoire, bah, du coup, je vais parler du style de la BD ! Si les premières histoires sont dessinés de manière assez classique, c'est après le retour de la guerre 39-45, que notre cher Willy ( oui je l'appelle comme ça ) va montrer tout l'étendu de son talent !
Pendant son service en tant que soldat, les assistants d'Eisner reprendront les aventures du Spirit. Parmi ces jeunes talents, nous trouvons : Wally Wood : le créateur de witzend, un pillier du comics underground. Jack Cole, le papa de Plastic Man ou encore Lou Fine qui était l'artiste le plus représentatif du style graphique du Golden Age !


Ainsi, quand Einser revient aux commandes BOUM ! Son style bluffe absolument tout le monde ! Beaucoup plus détaillé, plus expressif, de meilleurs ombres ainsi qu'un cadrage et une narration plus fluide et cinématographique ! Tiens jouons à petit jeu : comparez ces 2 covers, l'une est l'une des plus connus du Spirit, datant de 1946 : https://www.comics.org/issue/271781/cover/4/?style=default
et l'autre, toujours de la même époque du Batman n°35 par Bob Kane : http://bigbadcomics.com/store/batman-35-vg-june-1946-featuring-catwoman-and-bob-kane-art/
Clairement on sent une différence de level ( même si j'aime beaucoup le charme rétro des vieilles couvs de Batman ).


En bref, Eisner montre déjà que les comics de super-héros ne sont pas nécessairement pour les enfants en montrant des femmes très sexy et très dangereuses, arborant des looks qu'on auraient pût qualifier à l'époque de "provocateur".
Même si le genre du film noir et du détective est le plus présent à travers les pages du Spirit, l'une de ces plus grandes particularités est aussi son incroyable mélange de genres, à la même manière qu'un Shin'ichirō Watanabe ! Ainsi, notre héros pourra aussi bien affronter un clown dépressif et tueur de sang-froid que d'avoir une histoire comique avec une jolie fille dans le lot. Tout les genres passent, même ceux que les éditeurs évitaient, comme l'horreur ou les histoires de crimes sanglants !


Mais bon, il faudrait que je fasse un podcast d'1h30 pour parler du génie du graphisme d'Eisner, alors passons du côté des histoires et des persos, voulez-vous ?


Si le comics est si original, outre par ses dessins époustouflants encore aujourd'hui, c'est aussi dû a son perso principal : Le Spirit !
Malgré son côté un peu super-héros à l'ancienne avec une touche à la James Bond, notre héros n'est pas aussi super qu'on pourrait le croire !


Même si il flirte avec de séduisantes créatures, il ne trouve jamais l'amour de sa vie et à souvent un caractère très mélancolique. De plus, bien avant Spider-Man et ses factures de l'hosto, le Spirit est le 1er héros de la classe moyenne dans les comics de super-héros, eux qui sont souvent représentés tels des hommes riches ou puissants, on a ici à faire à quelqu'un ayant des problèmes financiers, de nourritures et autres trucs bien chiants ! Cette malchance permet aux lecteurs de mieux s'attacher à ce héros et de ressentir encore plus de compassion pour lui. Et même si il est le perso principal, il ne gagne pas toujours, il peut se faire aveugler, avoir le cœur brisé ou encore se faire torturer jusqu'à la mort, il restera toujours debout ! D'ailleurs, à propos de ce point, même si il est souvent utilisé pour donner encore plus de sympathie et de drame au perso, Eisner l'utilise aussi comme ressort comique ! Tel un toon à la Daffy Duck ou Coyote, le Spirit est dans une certaine mesure indestructible, mais comme Kenny, ça l'empêche pas d'avoir très très mal ! En parlant de mal, laissez-moi citer ce bon vieux Hitchcock :



Si le méchant est réussi, alors l'œuvre le sera aussi



Et ici, cette citation s'affirme très bien pour la némésis du Spirit : l'Octopus ! Un gangster froid et psychopathe, qui à pour particularité qu'on ne voit jamais son visage, mais seulement ses gants violets ! Comme Judge Dredd ou Michael Myers ( ce qui est un meilleur exemple ), le fait de ne jamais voir son apparence permet de créer une idéologie sous la forme d'un personnage, ici la figure du Mal absolu, un être si froid, si calculateur et si dangereux, que le seul fait de voir ses gants fait ton slip ## insérer couleur du caleçon que vous porter ## devient marron ! Un méchant génial, donc !


Mais parmi les persos importants, il y en a un très particulier et ici, c'est la ville ! Central City est un personnage a part entière ! Cette dernière influe sur les actions du justicier en imper en l'aidant ou lui refilant une malchance qui ferait pâlir Donald Duck ! Et cet élément de personnage ville revient dans toutes les œuvres de Will Eisner ( sauf L'appel de L'espace, qui lui est un polar de SF ).
Chez Eisner, la ville est toujours New York, et elle est toujours montré de manière organique, voir tentaculaire ! Mais j'ai déjà évoquer ce détail sur ma critique de Big City : https://www.senscritique.com/bd/La_Ville_New_York_Trilogie_tome_1/critique/169327906


Conclusion ( oui je rajoute ça alors que dans mes critiques je faisais pas ça, mais je m'en fous ^^)


En bref, si le Spirit est un aussi grand comics, c'était parce qu'il était en avance sur son temps ! Que ça soit sur le dessin ou l'écriture des persos, Eisner était un génie et le prouvera encore une fois dans les 70s et les 80s avec ces nombreux romans graphiques ! Un super-héros ayant été une pierre fondateur pour un bon paquet d'auteurs et de dessinateurs ! Comme Brad Bird qui a failli faire un film d'animation qui avait l'air absolument incroyable : https://www.youtube.com/watch?v=SqcJ2dFHNWM

Boogie-Woogie-Lagoon
10

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le 19 févr. 2019

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