Klaus
6.8
Klaus

Comics de Grant Morrison et Dan Mora (2015)

Grant Morrison s’attaque à un mythe intemporel. Ce comics se donne pour mission de révéler les origines, l’histoire du Père Noël, cette légende providentielle qui tout les 24 décembre descend émerveiller les enfants de toute la planète. Ici, notre Saint Nicolas se voit réserver le même traitement que les superhéros qui jouissent tous d’une « origine storie ». Après tout n’est-il pas un des leurs ? Il a une base secrète en Laponie, des pouvoirs de supersonique et des capacités de production hors du commun. Ses débuts se font donc dans le sang, la violence et les larmes. Un récit initiatique qui n’est pas seulement celui du héros mais celui de tout un village qui a fortiori représente notre humanité. Grimsvig a perdu son innocence ; son âme d’enfant a été pervertie par son chef qui est obnubilé par le pouvoir, la peur de la solitude et une terrible voix qui semble le hanter, le happer. Magnus est un être abject que le manque d’amour a réduit au pire. Malheureusement, sa méchanceté s’est transmise à son fils. L’insupportable gosse se montre capricieux et égoïste, rendant misérables tous les autres enfants du village. Dans ce sombre tableau, il n’y a que Dagmar, la mère qui semble digne d’affection. Elle est empreinte d’une grande tristesse qui la maintient dans la lune. La reine voue un amour aveugle à son insupportable rejeton.


Nous sommes plongés dans un univers de fantasy qui prend place dans un moyen-âge fictif. Le village est superbement dessiné par Dan Mora. La découverte de ce dessinateur a été un réel plaisir. Les traits sont durs et envolés. Les plans des toits de la ville sont envoûtants tout comme les grandes plaines enneigées parcourues par Klaus et Lilli. D’ailleurs, la bouille adorable de la louve contraste avec les traits carrés et massifs du héros. Le comics est un régal pour les yeux. Pour en revenir à l’univers de fantasy, c’est une façon de planter un décor crédible pour l’apparition de ce mythe mais cela donne aussi un aspect manichéiste à l’histoire ; ce qui est plus dommageable. Le chagrin d’enfance, la blessure d’amour propre ne suffisent pas à racheter Magnus. De même, J’ai été un peu agacée par Dagmar qui ne réagit pas face à son peuple qui souffre. Le personnage reste dans la passivité alors qu’il avait un potentiel épique. De ce fait on campe sur une vision très virile de l’héroïsme qui n’est pas désagréable à regarder mais reste frustrante.


Néanmoins, la force féminine est incarnée par la nature qui guide et protège Klaus. C’est d’elle qu’il semble détenir le pouvoir de créer les jouets destinés aux enfants. Sa musique éveille des génies, des sortes de feu follet qui le font passer dans une autre dimension. Le Père Noël est aussi secondé par Lilli, une jeune louve qui est la petite lueur d’espoir ainsi que l’occasion de plusieurs sourires au cours de la lecture. Si elle défend corps et âme son maître, elle garde son instinct d’animal, sa curiosité et sa naïveté face aux agissements parfois étranges du colosse en rouge. Le personnage est très bien traité et réellement attachant. 

En conclusion, cette origine storie est un vrai plaisir de lecture entre le conte et le récit médiéval épique. Foncez, enfilez votre doudoune et prévoyez quelques friandises pour Lilli !


A retrouver sur le mouton curieux

titaboris
8
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le 27 janv. 2019

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titaboris

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