Pour les adeptes de grands enfants réunis pour créer...

L’Atelier Mastodonte est une série dont j’ai appris à guetter la parution de chaque nouveau tome avec curiosité. Ces ouvrages collectifs chapeauté par Lewis Trondheim ont pris l’habitude de me faire passer des moments de lecture drôles et divertissants. Le cinquième opus est apparu en librairie il y a quelques jours. Je me suis empressé de me l’offrir et de me plonger dans le quotidien de cet atelier de bandes dessinées pas comme les autres.


En effet, l’atelier Mastodonte est un lieu regroupant un grand nombre d’auteurs du neuvième art dont Trondheim, Bianco, Jouvray et beaucoup d’autres. Le regroupement de ce petit monde dans un même lieu à a pour but de générer une atmosphère de travail et de création intense. Je ne vous cache pas que le lecteur a davantage le sentiment d’être immergé dans une cour de récréation pour adultes qui n’ont jamais vraiment quitté leur statut d’enfants. 
La dimension collective de l’endroit transpire dans la structure même de l’album. En effet, chaque page de ce bouquin édité dans un format à l’italienne est un gag rédigé par un des auteurs de l’atelier. Les pages s’enchainent donc en alternant les styles graphiques. Cela offre un résultat original. La performance réside dans le fait que malgré le fait que chaque histoire naisse d’une plume différente, l’ensemble offre une lecture cohérente dont la chronologie reste un aspect important.
Chaque planche se décompose en six à huit cases. L’anecdote se doit être efficace puisqu’en peu de temps, elle doit faire vivre une situation et aboutir à une chute. Ce concept narratif rend la lecture dense, les vannes s’enchainant à un rythme soutenu. D’ailleurs le running gag est un des atouts les plus utilisés par les auteurs. Ce principe humoristique crée d’ailleurs une complicité entre le lecteur et les membres de l’atelier qui participe à la bonne humeur dégagée par le livre.
Chaque tome possède des « thématiques » qui lui sont propres. La première partie de l’ouvrage se construit autour d’une mise en abime de l’atelier Mastodonte. En effet, le journal de Spirou qui héberge les gags de la série décide de mettre en place un atelier concurrent : l’atelier Colosse. Je dois bien dire que malgré quelques sourires cette idée n’est pas, à mes yeux, une grande réussite. Malgré quelques sourires, je me suis désintéressé de cette lutte contre la concurrence. J’avais hâte que les auteurs se recentrent sur leurs aventures du quotidien entre les quatre murs de l’atelier.
Néanmoins, ce cinquième épisode ne se contente pas de nous conter cette jalousie entre auteurs. On est à nouveau plongé dans les arcanes plus ou moins alambiquées de la démarche créatrice de tout ce petit monde. Les sourires laissent la place au rire et la lecture devient bien plus prenante. Les personnages sont attachants et plein de surprises. Ils font de chaque petit moment du quotidien un événement d’ampleur qui chatouille avec ardeur nos zygomatiques. Chaque membre de l’atelier est clairement identifié et offre un écot personnel et original à la réussite de l’ensemble. C’est une belle performance. Chaque protagoniste semble être indispensable à l’équilibre global de la série. C’est d’autant plus méritoire que ce nouvel opus accueille quelques nouveaux venus.
Pour conclure, j’ai passé un agréable moment en lisant ce cinquième acte des aventures de *L’atelier Mastodonte*. Le talent des auteurs couplé au plaisir qui se dégage des planches offre des moments très drôles. Néanmoins, il n’atteint pas en termes de qualité les opus précédents. Le concept se tarit-il ? Les running gag sont-ils moins efficaces ? Les auteurs sont-ils un petit peu moins efficaces que les précédents ? Néanmoins, ce léger bémol reste à nuancer dans le sens où l’ensemble reste cohérent et agréable. Il ne m’empêchera de courir me procurer le prochain tome, impatient que je serai de pousser à nouveau la porte de cet atelier pas comme les autres…

Cette critique est disponible sur le site Blog Brother.

Eric17
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le 27 oct. 2017

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