Vingt années d’attente, la jeune Siloë les méritait

Le scénario de Serge Le Tendre datait de 2000, les deux premiers tomes de 2000 et 2003. Puis, vint le temps d’une très longue attente, de la frustration et de l’oubli. Stéphane Servain a repris ses crayons et nous livre enfin la conclusion du triptyque.


Les États-Unis vont mal. Dans un futur proche, Siloë est une jeune fille dotée de terrifiantes capacités para-psychiques qui en font la proie des puissants de ce monde. Le Consortium écarté, demeurent face à face le chef de l’État et son challenger, le gourou des Esséniens. Tous les coups sont permis.


Delcourt sait être généreux et accorde aux auteurs plus de 200 pages pour développer leur récit. Le résultat est magnifique. Le dessin de Servain (L'esprit de Warren) a changé. Il s’est épuré et privilégie ses personnages au détriment des décors, de la ville tentaculaire et des machines volantes. Il use moins du bleu et du rouge, leur préférant le vert. Par sa qualité, son travail rappelle celui de l’excellent Guerre éternelle de Marvano.


Retrouvant la grâce déployée dans l’extraordinaire Quête de l’oiseau-temps, Le Tendre nous entraine dans une sombre histoire qui mêle terrorisme politique, dérives scientifiques et lutte des classes. Les terreurs psychotiques et les mondes incertains évoquent les paranoïas des romans de Philip K. Dick. Les personnages sont complexes, jamais manichéens, mais fissurés et donc manipulables et à la merci de leurs adversaires. Le sympathique zonard Spare est mort. Blessé, le sergent-journalise git prostré. Soumise à ses geôliers, la fragile Siloë ne peut plus compter que sur l’amour de son père et sur l’ombre de sa mère. La crise s’accentue... Précipitez-vous.

Step de Boisse

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