L'Homme qui marche est le récit d'un homme qui marche...
Toutefois, les rêves se font en marchant. Et c'est plus qu'une balade, un récit des contes du Japon moderne où transitent, le temps d'une bulle, quelques traits, clichés, de la vie nippone. La douceur du pas endort, mais c'est le demi-sommeil, c'est la somnolence qui, tel un hypnotiseur, introduit le lecteur dans la rêverie. D'un détail, duquel on se dit souvent que c'est décidément un élément de notre quotidien que nous ignorions par manque de concentration, Taniguchi nous amène au bout d'une pensée, qui n'est bien souvent qu'une divagation.
Plaisant étonnement, agréable langueur. Ozu et ses plans fixes, Taniguchi et ses calmes images. Aérien, précis, le trait restitue la profondeur des paysages, la beauté de visages simples et lumineux, l'étendue des plans urbains qui constituent l'aire de jeu de ce marcheur anonyme.
Où cela nous mène-t-il ? Sur des chemins qui ne mènent nulle part. Un chien, des oiseaux, des nuages. Quelques inconnus qui bifurquent. La vie est déjà passée. L'amour est loin, que l'on a à peine vécu. Le vent souffle, la brise marine. On se couche sous le cerisier. Que c'est bien d'être là...