Alors là, je dois avouer que j'ai été bluffé ! Vraiment, je ne m'attendais pas à ce que cet ouvrage soit aussi bon.


Sans être un inconditionnel, j'aime bien Lucky Luke, j'ai lu la plupart de ses aventures et j'aime particulièrement certaines d'entre elles, principalement de l'époque Goscinny (Le Juge, Les rivaux de Painful Gulch, Chasseur de Primes…). Toutefois, mon intérêt pour la série baissait de plus en plus chaque année et encore plus depuis la reprise par Laurent Gerra. Je ne suis pas non plus fana de la tendance éditoriale « Machin vu par… » ou « Bidule repris par… ». Bref tout ça pour dire que ça partait mal pour ce Lucky Luke vu par Matthieu Bonhomme.


Mais c'est là que l'album réussit un exploit en renversant complètement la situation. Déjà, la couverture claque ! C'est vraiment une des plus belles couvertures de l'année 2016 (et nous ne sommes qu'en avril au moment de sa sortie !) et donc, forcément on a envie voir ce qu'il y a à l'intérieur.
Et l'intérieur est très bon. L'intrigue est très bien montée et rappelle celles de la grande époque Goscinny. L'auteur maîtrise tous les codes du Western : le saloon, l'arrivée du héros, la défense des villageois face à l'oppresseur, les indiens, les duels, les grands-espaces…


Mais la plus grande force de cet album est qu'au lieu de refaire du Morris trait pour trait, Matthieu Bonhomme ose imposer son style. Ainsi les personnages répondent à leur caractéristiques : Luke a sa tenue traditionnelle, Jolly Jumper (muet) est toujours aussi caustique et rancunier mais le dessin est celui de Matthieu Bonhomme. Le ton est aussi plus sombre, plus réaliste - de mémoire ça fait un petit moment qu'un homme n'avait plus été abattu dans une histoire du cow-boy solitaire -.
En débordant sur 60 pages, il s'affranchit aussi du format 47 pages, format qui très contraignant sur la construction de l'intrigue et des planches.


De plus, comme l'a indiqué Matthieu Bonhomme sur France Inter : « L'intérêt d'un ouvrage comme celui-ci, c'est bien sûr de le bousculer, mais aussi de boucher les trous. J'ai donc exploré ici la question de son sevrage tabagique ». Et effectivement, faire tourner l'histoire sur comment Lucky Luke a arrêté la cigarette se révèle être une très bonne idée. Il faut dire que le passage de la cigarette au brin d'herbe ou du verre de whisky au verre de cola s'est réalisé de manière très artificielle, les auteurs cédant sous la pression des bonnes mœurs et de la protection des enfants, et qu'il n'y a jamais eu de réelle explication. Et là encore, ce sevrage est très bien amené, passant d'abord par un running-gag tout au long de l'album pour arriver à une prise de conscience et une promesse en fin d'album.


Vraiment L’Homme qui tua Lucky Luke est une excellente surprise. Ça faisait vraiment longtemps que je n’avais plus lu un album d'aussi bonne facture sur un héros « classique » et j’en suis presque à regretter que ce soit la seule et unique incursion de Matthieu Bonhomme dans l’univers de Lucky Luke… ou de Lucky Luke dans l’univers de Matthieu Bonhomme.

Tellak
8
Écrit par

Créée

le 16 juin 2017

Critique lue 170 fois

1 j'aime

Florian

Écrit par

Critique lue 170 fois

1

D'autres avis sur L'Homme qui tua Lucky Luke - Lucky Luke vu par..., tome 1

Du même critique

The Man from Earth
Tellak
10

Attention bijou !

Petite pépite du cinéma indépendant, The Man From Earth est arrivé en France directement en DVD sans passer par la case salles obscures et c'est bien dommage ! Au scénario on retrouve Jerome Bixby,...

le 11 juin 2017

4 j'aime

1

Mensonges - Wonder Woman (Rebirth), tome 2
Tellak
4

Qui ? Que ? Quoi ? Dont ? Où ?

J'avais bien apprécié Wonder Woman Rebirth 1 même s'il présentait une énième origin story et j'avais hâte de lire la suite mais dès les premières pages, j'ai été complètement perdu au point de...

le 24 avr. 2018

3 j'aime

1

Dune
Tellak
9

La grandeur dépend de l'imagination humaine qui crée les mythes

Imaginez un livre qui vous a profondément marqué au point que vous avez choisi le nom d’un de ses protagonistes comme pseudo sur les réseaux sociaux. Imaginez une première adaptation cinéma...

le 19 sept. 2021

2 j'aime

3