« La France, ce n’est pas l’anarchie » : tels étaient les propos d’Édouard Philippe, alors Premier ministre français, le 18 novembre 2018. Quelques mots lâchés à l’emporte-pièce, à l’encontre des Gilets Jaunes qui signaient alors leur Acte 1 : un blocage des routes et des ronds-points afin de faire entendre leur message, celui d’exiger davantage de justice sociale et de justice fiscale. Une expression dédaigneuse qui a dès lors fait bondir les manifestant.es français·es. On imagine qu’il en a été de même du côté du dessinateur Winshluss et de l’écrivaine et philosophe belge, Véronique Bergen. En mêlant le trait et le mot, ces deux auteurs réhabilitent en une cinquantaine de planches ce qu’est véritablement l’anarchie : le refus de l’autorité et des formes de pouvoir, perçues comme illégitimes. De cette base idéologique naitront une multitude de courants, de concepts et de personnages emblématiques. Ces derniers, on prendra plaisir à les (re) découvrir sous des dessins gras et pour le moins expressifs, violents et sanguinolents, vindicatifs et délicieusement caricaturaux. Les textes qui accompagnent ne s’encombrent pas de fioritures, vont droit au but et permettent de se remettre les idées en place. Car si la forme se veut de prime abord accessible et rapidement lisible — 80 pages dont un peu moins de 60 illustrées — cet ouvrage condensé offre davantage un rafraichissement de mémoire qu’une réelle première approche des théories anarchistes. De Stirner à Proudhon en passant par Bakounine et Kropotkine, les grandes figures sont survolées jusqu’à parvenir aux expressions contemporaines. Et puis, histoire de ne pas rester sur votre faim, vous aurez droit en fin de livre à quelques définitions des concepts évoqués dans les planches, une dizaine de courtes biographies ainsi qu’une suggestion de lectures compilée par les deux auteurs. Condensé, direct et efficace !

°° chronique initialement parue sur le site Internet d'Agir par la Culture

Sekhorium
8
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le 21 déc. 2020

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