La Cour des hiboux - Batman, tome 1 par Kab

Scott Snyder se lance tout de suite dans une longue intrigue où il veut redéfinir Gotham et le personnage de Batman.
Dans les premiers numéros, on peut voir un Batou parfois souriant et vraisemblablement plus léger. On revoit même Bruce Wayne en tant que philanthrope. Sans être une nouveauté, Morrison avait fait de même à son arrivée sur le titre avant de passer à autre chose. J’apprécie toujours autant voir Bruce Wayne. Par la suite, la psychologie de Bruce va évoluer et se fragiliser jusqu’à presque voler en éclats dans un très bel épisode.
Le scénariste va très vite vouloir casser son personnage physiquement et mentalement. Pour cela, il va créer une nouvelle menace qui sera fortement dans l’ombre même si selon moi, il aurait dû faire un arc plus petit en entrée avant d’entamer celui-ci, histoire de faire monter un peu plus les enjeux en fil rouge et la paranoïa du personnage.

La cour des hiboux est la nouvelle menace. C’est une organisation de l’ombre qui contrôle Gotham depuis des années. À son service, se trouve l’Ergot, un assassin. L’originalité de Snyder se trouve dans sa manière d’aborder cette organisation. Il l’a fait passer pour une légende, une histoire qu’on raconte aux enfants pour leur faire peur le soir et surtout, ils seraient encore plus dans l’ombre que la chauve-souris.
En plus de ce nouveau vilain, le scénariste ajoute de nouveaux personnages secondaires comme une jeune fille qui reviendra ultérieurement et Lincoln March, un potentiel nouveau maire pour la ville. D’ailleurs, le traitement par Snyder m’a fait penser à celui de Nolan pour le duo Dent/Wayne avant qu’Harvey ne perde la face.

Le plus grand gagnant dans cette intrigue est Gotham. La ville en elle-même déjà sous Morrison avait repris des couleurs et avait été replacée comme un personnage à part. Scott Snyder va accélérer les choses la rendant partie prenante des histoires du Caped Cruisader.

L’écriture en elle-même est très agréable. Il est disséminé plein de petites choses comme la confiance aveugle en Alfred, les relations avec Dick, la réelle signification du bat-signal.
Et puis, il y a ce cinquième épisode. Au niveau de la naration, il est excellent. La mise en page et le travail sur Bruce sont vraiment brillants. Cependant, je n’ai pu m’ôter de l’esprit que Batman n’aurait même pas dû rester une semaine dans le labyrinthe. Le plus grand détective du monde, celui qui à toujours quatre à cinq coups d’avance se retrouve piégé dans un labyrinthe sans s’en sortir alors que dans le numéro suivant, il y parvient en deux secondes Ca m’a tout gâché, je n’y ai pas cru.
Une autre déception pour moi est la non-présence de Damian même en arrière-plan. On ne doit le voir que quelques cases, une planche ou deux mises bout à bout. Dick est plus présent. Je sais bien que Batman&Robin est dédié à la relation père-fils, mais le montrer si peu présent est pour moi dommageable. En parlant de la relation Dick/Bruce, je trouve que certains passages notamment dans le septième épisode semblent assez bizarres. Bruce ne fait plus confiance en son protégé sous prétexte qu’il aurait dû être le prochain ergot. Comme le rappelle Nightwing, cela n’est jamais arrivé et au contraire, il est devenu Robin. Pourquoi Bruce aurait-il peur vu que la sélection n’a pu se faire ? La paranoïa de Bruce est trop poussée pour quelqu’un de son intelligence.
Enfin dernier point, mais je supporte de moins en moins la longueur. Sept numéros pour en arriver là et l’intrigue n’est même pas finie, car elle dure en réalité douze épisodes. C’est beaucoup trop long, surtout que le premier est une pure introduction à Batman en général et que les deux et trois auraient pu être un peu plus condensés.

Ce qui est loin d’être une déception par contre, c’est la partie graphique. Greg Capullo, grand architecte de l’univers de Spawn débarque sur Batman et là attention les mirettes. C’est juste sublime ! Le dessinateur semble prendre un pied monstrueux tout en étant au meilleur de sa forme. Bizarrement, on aurait pu s’attendre à des dessins plus sombres, mais non, il y a ce qu’il faut. Le tout reste lumineux et agréable à lire. Capullo est au service de la série et il contribue énormément à la qualité de ce fameux numéro cinq.

Une belle montée en puissance bien qu’un peu longue surtout à la relecture, mais qui reste très agréable à lire et qui vaut surtout le coup pour le trait de Greg Capullo qui sort enfin de Spawn après des années chez Mc Farlane.
Kab
7
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le 2 mai 2014

Critique lue 206 fois

Kab

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