Après une vingtaine d'années à lire de la bd de façon assidu (et de tous genres sans aucune restriction) , je ne m'attend plus à être surpris.
La plupart des sujets ont déjà été exploités par n'importe quel auteur et c'est le traitement qui va faire la réussite ou l'échec d'une histoire ( ça marche aussi pour le cinéma ou la littérature en générale d'ailleurs)
Pourtant, ce Max Winson m'a surpris.
Pas que le sujet soit franchement original (quoique chez nous , quand même un peu) mais tenter l'expérience du sport en Bd tout en ayant l'ombre de milliers de shonen de sport au dessus de sa tête était un pari risqué.
Et surtout quand on prend un tel sujet et qu'on l'enrobe d'une atmosphère à part tout en détournant les règles du genre.
Gonflé et hallucinant de maîtrise.

A première vue, je ne trouvais pas l'emballage excitant.
La couverture qui reprend une image intérieure n'incite pas vraiment à aller plus loin (c'est d'ailleurs le seul reproche que je peux lui faire) et l'auteur, malgré un bon bouche à oreille, ne m'avait pas bluffé sur sa première oeuvre " le singe de Hartlepool " (oui, je sais , vous pouvez me jeter des pierres).
Je prends l'habitude de feuilleter une bonne partie de ce qui me tombe dans les mains chez mon libraire et j'ai du le faire pour celui-ci, d'un œil distrait, convaincu que ça ne me plairait pas plus que ça.
Comme quoi, même avec une certaine "expérience" , on peut louper ce que je considère comme une de mes claques graphiques de l'année 2014.

Comme je le disais plus haut, à première vue, le dessin ne donne pas plus envie que ça.
Mais dès qu'on creuse un peu, on découvre un trait riche, simple, efficace et ultra dynamique.
La narration est bluffante et fait partie des grandes qualités de cette album.
Quant aux teintes grises, elle rappelle immanquablement la technique utilisée par les mangakas.

On pourrait presque y voir une expérience similaire au "Lastman" de Vivés tant le sujet fait très "Shonen"
Mais ici, pas de bagarre , on parle de sport et Max Winson est un as du tennis.
Plus qu'un as d'ailleurs , il n'a pas perdu un seul match depuis 7 ans et extermine ses adversaires un par un.
Et c’est ça l'idée géniale de Jérémie Moreau.
Contrairement aux autres récits de shonen sportif, on ne suit pas l'ascension de Max, il est déjà au top.
On oublie les valeurs très japonaise de la valorisation de l'effort et on se concentre sur les sacrifices qu'a du faire Max pour atteindre ce niveau.
De même, Moreau s'attache à décrire les relations qu'il a avec les gens qui l'entoure : un père exigeant qui ne cherche que l'exploit ultime, une intervieweuse qui essaie de le remettre en question, des adversaires qui le craignent et un public en totale osmose avec leur "héros" (au point d'influer sur leur moral)
A la réflexion, on ne peut que penser à ces enfants stars dominés par leurs parents entraîneurs et aussi, (j'y ai pensé en tout cas ) à des joueurs comme Federer qui tax(ait) la première place des podiums depuis des années au point de rendre les enjeux du sport moins haletant.

La fin du premier volume est surprenante.
Elle nous dévoile une part des origines du personnage et amène son récit vers une voie assez inattendue (mais qui correspond au fond à l'ambiance étrange du récit)

Il serait donc un peu facile de le comparer à Lastman, tant les intentions dépassent largement celle du projet de Vivés.
En dehors de son idée de base , un espèce de shonen de sport à la française, Moreau n'oublie pas de raconter une histoire et d'apporter une touche particulière à un genre qui a été surexploité du côté japonais et qui ne fait absolument pas partie de la tradition francophone.
Le pari était risqué, il est relevé haut la main.

Maintenant, je n'attend qu'une seule chose : la suite.
Et vite.

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le 13 août 2014

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