Ayant entendu le plus grand bien de la saga Long John Silver, j'ai décidé de me plonger (ho, le jeu de mot) dedans. Et là première surprise, j'avais déjà lu le premier tome … Celui-ci m'avait marqué sans me marquer, c'est donc une redécouverte pour moi. Redécouverte m'aidant à bien saisir pourquoi j'avais oublié le titre de cette histoire.

Xavier Dorison et Mathieu Lauffray surfant sur la vague de piraterie décide de nous offrir un retour dans le monde de Stevenson et sa fameuse « Île au trésor ». Les auteurs préviennent tout de suite : le but n'est pas d'écrire une suite, mais de faire, à partir de l'histoire de Stevenson, un autre récit, qui se passerait après et qui, avec un peu de chance, aurait la même capacité à émerveiller le lecteur. L'intention est noble et d'autant qu'elle n'a pas à souffrir d'orgueil.
Mathieu Laufray nous offre, via son dessin bien sympa, l'ambiance du récit : sombre ! Nous sommes dans du dark, les amis. Le but est d'évoquer cette vision assez sombre. Ce qui fera pardonner certaines cases avec un décors un peu informelle, ainsi que des plans ne montrant guère que des formes plutôt que des personnages. Ca ne reste pas les cas principaux, mais le dessin tout en lorgnant du côté de Loisel n’atteint pas la même maîtrise je trouve. Pour autant, je me plains pour des broutilles tant je suis prêt à reconnaître qu'il n'y a guère à se plaindre. Peut être quand même sur les visages, ceux-ci n'étant peut être pas assez personnalisés ; on peut trouver des ressemblances (surtout lorsque les émotions sont les mêmes).
La composition des cadres est pas toujours génial d'ailleurs, les cadrages les plus agréables trahissent souvent le manque de détail dans le décors. Une nouvelle fois, à regarder de plus près, on peut être déçu. Certes, ça ne gêne pas l'histoire, qui est plutôt servie par l'aspect sombre du dessin, mais je trouve quand même que c'est pas trop génial.
Pour la mise en page, je vais pas me plaindre, c'est assez classique. On a le droit aux petites superpositions de cases très à la mode depuis quelques années, j'aime beaucoup même si on revient souvent au découpage basique entouré de gouttières blanches.
Clairement c'est pas avec Long John Silver que Lauffray va révolutionner son art.

L'histoire est racontée du point de vue du Docteur Livesey. L'Île au Trésor est dans la longue liste de « un jour je les lirais », je ne vois guère comment est le personnage dans le récit originel. Mais ici, il est présenté comme ayant envie d'aventure sans jamais l'assumer et lâchant à peu près tout du jour au lendemain pour retrouver cette aventure qui s'incarne dans Long John Silver … Mais pardonnez moi, je vais trop vite.
Reprenons : Lady Vivian Hastings est sans le sou. Son mari est parti depuis 3 ans en Amérique du Sud à la recherche des mystérieuses cités d'or (insérer générique ici). Ses mœurs volages ont surtout pour but de trouver un remplaçant, étant totalement appauvrie, elle a besoin d'argent rapidement. D'autant plus qu'elle est enceinte d'un de ses amants. Lady Hastings est une « mauvaise fille » mais avec de « bonnes raisons ». On sent une enfance difficile, un mépris de tous les hommes envers elle. Seule contre tous, elle est devenu mauvaise car elle ne pouvait vivre en étant bonne. Le personnage est bien écrit, devenant attachant malgré son apparence de « méchante ».
Or, son beau-frère vient un jour lui annoncer que son mari a réussi sa mission. Cependant, il faut y envoyer une seconde expédition. Pour la financer, ils vendent toute la maison, tous les biens et Lady Hastings doit partir dans un couvent. Celle-ci décide de ne pas se laisser faire. Avec l'aide de sa confidente et femme à tout faire, Elsie, elle va trouver le docteur Livesey, qui connaîtrait un pirate capable de l'aider … Un certain Long John Silver. L'histoire de l'Île au Trésor est vite passé, le but n'est pas d'évoquer le passer mais de parler de Silver. Celui-ci incarne parfaitement le pirate bavard mais qui ne dit jamais réellement rien sur ces intentions. Fidèle à sa parole et tenant à la liberté, cette forte tête apparaît immédiatement comme capable de beaucoup, son charisme s'impose immédiatement même si ça peut sembler un peu artificiel. L'affaire est conclu : Silver et Lady Hastings seront complices. Avec l'aide de quelques hommes de Silver, ils prendront possession du bateau, le Neptune, une fois le butin acquis. C'est un pacte « avec le diable » que passe Vivian Hastings. Embarque donc sur le bateau, le beau-frère, Silver, Lady Hasting, le Dr. Livesey, la pauvre Elsie (dont la relation avec sa maitresse est pour le moins intéressante : haine, mais obligée d'être fidèle car c'est sa seule possibilité pour vivre), l'équipage officiel et quelques hommes de Silver.
Voilà les grandes lignes de l'histoire, j'ai volontairement caché les quelques évènements importants de la fin, ne laissant en avant que ce qui est clairement explicité dès l'acquisition de l’œuvre et la lecture des premières pages.

Ce tome « souffre » du défaut inhérent à sa nature même : c'est une introduction. Pas d'action réelle, pas d'aventure, pas de surprise. Dorison doit placer avant toute choses ses pions. Les personnages sont donc mis en place, c'est ici l'utilité de ce tome. Nous avons une présentation des personnages, des différentes intrigues, des objectifs de chacun et des relations que tous entretiennent. Du coup, ça annonce quelque chose de sympa pour la suite, mais on ne peut pas dire non plus que ce tome est fabuleux, étant donné qu'il décrit une situation bien plus qu'il ne l'a fait évoluer. La narration fluide fait avancer gaiement dans les 54 planches du récits qui appellent une suite. Je ne m'attend pas à être surpris par une évolution graphique, qui restera ce qu'elle est, je suppose. C'est à dire faisant bien le boulot, renforçant l'histoire, mais ayant quand même des défauts de qualités et de précisions. C'est donc vis à vis de l'histoire que viennent toutes mes espérances … En attendant, le tome 1 de Long John Silver remplie parfaitement son rôle d'introduction.
mavhoc
7
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le 18 avr. 2014

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