Il y a plusieurs façons d'aborder ce préquel du Secret de l'Espadon. On peut, au choix, reprocher à Yves Sente de manquer d'inspiration en piochant dans la première aventure de notre duo ou, au contraire, saluer sa volonté de rendre systématiquement hommage à l'oeuvre fondatrice d'E.P. Jacobs en s'échinant à lui donner du liant. Déjà "responsable" de la mise en scène de la rencontre de Blake et Mortimer dans Les Sarcophages du sixième continent, il poursuit ici son ambition de remplir les pièces lacunaires du puzzle. Ce Bâton de Plutarque marque, en effet, les retrouvailles de notre duo qui sera, dès lors, définitivement formé, mais aussi la première rencontre avec Olrik (même si elle entraîne une gênante erreur de continuité avec Le Secret de l'Espadon) et avec Mrs Benson. Elle éclaire aussi certains éléments de la première aventure d'E.P. Jacobs.


Cela étant dit, ce Bâton de Plutarque ne raconte pas grand chose. Il est ce qu'on appelle un chapitre de transition entre deux péripéties. Etant un préquel, il est, de toute évidence, une simple introduction aux péripéties à venir. Si on peut lui reprocher son manque d'enjeux, cet épisode ne manque cependant pas d'intérêt. Déjà, il pose le cadre à un premier opus qui se jetait la tête la première dans l'action et oubliait de présenter ses différents protagonistes. Il donne aussi une place plus importante à Blake qu'on suit seul durant de très nombreuses pages. C'est d'ailleurs ce choix qui explique, en partie, le ton de cet opus. Pas de plongée dans l'aventure, le fantastique ou la science-fiction ici mais un pur récit d'espionnage où les jeux de dupes occupent une place bien plus importante que l'action.


Si l'histoire manque clairement d'intensité, c'est la description de l'ensemble qui interpelle. Tout cela est d'une précision et d'une pertinence qui font la réussite de cet opus. Les dessins d'André Juillard participent eux aussi grandement à cette délicatesse qui rend cette aventure totalement limpide et prenante. Certes, on pourra toujours mégoter sur la naïveté de certains éléments (quelle passoire que ce lieu ultra secret et combien les gens ont les langues facilement déliées !) mais il faut mettre également en perspective la même naïveté en action justement dans Le Secret de l'Espadon. Rien de spectaculaire donc ici mais, au contraire de nombreuses aventures de Blake et Mortimer, une simplicité qui donne à voir un pan de vie de nos deux héros, laquelle nous les rend encore plus familiers et sympathiques.

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le 29 mai 2021

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