Histoire d'un oubli perpétuel

Imaginez vous le tableau : Sans aucune raison apparente , vous vous retrouvez dans des endroits en ayant tout oublier du comment et du pourquoi vous êtes ici.
Perte de mémoire à court terme, désir sexuel compulsif et effort physique incommensurable : ce sont les seuls symptômes analysables d'Albert Dada , diagnostiqué comme étant le premier fugueur pathologique analysé.
Cette bizarrerie pourrait prêter à sourire si elle n'avait pas pourrie la vie de cet homme et de son entourage.

Je ne suis pas franchement friand des récits biographiques et le côté analytique de l'oeuvre ( on suit l'analyse d'Albart Dada par son médecin Philippe Tissié qui tentera de résoudre son cas notamment par l'hypnose) me faisait un peu peur.
Soyons clair, ça sentait un peu le truc prétentieux et chiant.
Et ben non.

Et c'est , tout d'abord, grâce à Christophe Dabitch qui se fait le relaie de cette histoire avec beaucoup de finesse en nous plongeant dans la vie de cet homme et en alternant avec les réflexions des gens qui l'ont entouré à cette époque ( les divers médecins ou ses rares proches ...).
On s'imagine assez bien dans la peau de Dada , on ressent son malaise , sa souffrance et celle de ses proches qui soit ne le comprenne pas, soit souffre avec lui.
On n'oublie pas non plus le cas de Philippe Tissié, jeune médecin qui se "sert" de dada comme sujet de thèse et qui doit se battre contre ses collègues pour essayer de soigner au mieux son patient.

Le tout est agrémenté des sublimes dessins de Durieux tout en rondeur et teinté de chouettes teintes de gris donnant du relief et de la consistance à l'ensemble.
C'est avant tout pour le dessin que j'ai acheté ce livre et je n'ai pas été déçu.
Durieux commence a avoir un belle bibliographie mais avec le Captivé, il prouve qu'il peut se surpasser et aller encore plus loin.

En bref, il ne faut pas avoir peur du sujet de cette Bd.
Le captivé est le témoignage et l'analyse d'un homme qui a une maladie que personne ne comprend et qu'il faut pourtant soigner.
Fugueur compulsif, on pourrait croire que l'homme ne recherche que la liberté et qu'il ne peut pas rester enfermé dans la cage d'une vie trop balisée.
Malheureusement, c’est bien la maladie qui est sa cage.