Le Clan du requin - Seuls, tome 3 par Donald Duck

Troisième tome d'une série qui a surpris tout le monde et se hissa très vite parmi les succès de la bd franco-belge du 21ème siècle, ce Clan du requin a en plus pour moi une signification particulière : c'est en effet la première série à suivre qui fut publiée en 2008 dans la toute nouvelle formule du magazine Spirou (auquel j'étais abonné depuis peu de temps) et donc la première série que j'ai suivi avec passion, découvrant semaine après semaine les péripéties du groupe d'enfant mené par Dodji. Après avoir eu le souffle coupé par cette histoire il y a maintenant presque une décennie, j'ai décidé de me replonger (c'est le cas de le dire) dans cet album.

L'introduction nous resitue très rapidement les personnages et leurs caractères (Dodji le meneur, Terry l'immature, Yvan l'intello aux théories fumeuses...) ainsi que l'environnement hostile qui les entoure. Mais tout cela n'est qu'anecdotique comparé au véritable choc de ce volet : nos héros croisent la route d'un autre groupe d'enfants, bien plus grand et organisé, mené par le charismatique et menaçant Saul, qui s'est établi dans un parc d'attraction aquatique. On sent que le choix du cadre n'est ici pas anodin : le scénariste, Fabien Velhmann, se fait plaisir à écrire des scènes de course-poursuite dans les toboggans ou encore le climax final, qui est pour moi encore actuellement le meilleur moment de la série , la baignade dans le bassin du grand requin blanc (remplie de suspense et avec une fin assez choquante pour une série plus dirigée "jeunesse"). Cet amusement à l'écriture se transmet au lecteur qui suivra avec joie les différents rebondissements de l'aventure.

Un nouveau personnage se démarque ici particulièrement, et il s'agit de Saul. Se dressant comme le premier véritable "méchant" de la série (en ce sens qu'il va intentionnellement et consciemment aller à l'encontre nos protagonistes), ce petit dictateur est particulièrement bien écrit en ce sens, disposant d'une psychologie intrigante (volonté de suivre le modèle des adultes, fascination quelque peu étrange pour le troisième Reich) ainsi que de méthodes répugnantes (intimidation, rabaissement des autres et même de la torture) le consacrant entièrement comme menace crédible pour cette histoire. Le seul défaut de l'album au point de vue scénaristique, c'est qu'il est un rien trop court : on aura aimé avoir plus de scènes au sein du parc aquatique, on aurait aimé voir jusqu'à où Saul aurait été et on aurait aimé avoir plus de temps pour connaître certains nouveaux personnages secondaires, tels que Zoé et Anton.

Au niveau des dessins, Bruno Gazotti fait un travail d'exception sur la majorité des scènes : les émotions des protagonistes sont parfaitement retranscrites, les scènes plus mouvementées sont très lisibles et dynamiques... et que dire de son magnifique requin ! (qui n'apparaît, hélas, en entier que lors d'une majestueuse case) Seul point négatif, je ne suis pas un grand fan de la manière dont l'illustrateur dessine les plans éloignés (les yeux et la bouche des personnages disparaissent parfois totalement).

Pour résumer, Le clan du requin est pour moi le point culminant de la série Seuls, une bd "blockbuster" avec un grand méchant réussi, de l'aventure et des scènes d'action palpitantes ainsi que des traits d'humour appréciés.