Il aurait été dommage que Jean Van Hamme ne revienne pas une dernière fois du côté de chez Black et Mortimer terminer ce qu'il avait envisagé quand il avait signé le premier scénario de la reprise du titre après la mort d'E.P. Jacobs. Après l'espionnage pur, la science-fiction, l'aventure aux accents archéologiques, il s'attache ici à l'action à tout va en reprenant les éléments du premier album de Jacobs. Autant le dire d'emblée, ce Dernier Espadon est certainement le meilleur hommage que Van Hamme pouvait faire à Jacobs tout en intégrant parfaitement la nouvelle musique imaginée par ses successeurs. Van Hamme s'amuse aussi à tracer des ponts entre les deux époques, mettant malicieusement en scène ce qui pourrait de loin ressembler à un baiser entre nos deux héros, ce qu'un personnage assis dans la même pièce qu'eux croit par ailleurs. Au-delà de ce clin d'oeil savoureux, qui montre aussi que l'ambiguïté entre les deux hommes est définitivement levée, ce qui marque dans cet opus, c'est le ton retrouvé du premier album.


Aussi violent que Le Secret de l'Espadon, cette aventure met en scène de nombreuses morts, parfois brutales, le vocabulaire est aussi moins guindé que dans le reste de la série, certaines situations bien plus sombres qu'à l'accoutumée. Comme dirait l'autre, "c'est du brutal", et, très honnêtement, c'est franchement rafraîchissant. Le récit est, par ailleurs, palpitant, multipliant les péripéties et les rebondissements. C'est vif, bien mené, richement documenté, historiquement intéressant et cette suite au premier album se tient parfaitement. Anciens et nouveaux personnages trouvent impeccablement leur place, permettant de donner à toute la série une véritable cohérence.


Du côté du dessin, on retrouve une grande qualité au niveau des décors, de très belles scènes nocturnes sous la pluie, de splendides paysages extérieurs mais aussi quelques planches plus aérées qui font la part belle à l'action. À mon sens, ces pages font du bien dans un ensemble toujours plutôt touffu mais moins que par ailleurs. Les portraits ne sont, en revanche, pas toujours aussi aboutis qu'avec les précédents dessinateurs mais cela reste très satisfaisant.


Jean Van Hamme conclut donc (certainement) son aventure avec Black et Mortimer de fort belle manière. L'aventure est réellement au rendez-vous et cet album est la meilleure illustration possible de souligner que la poursuite de cette série par d'autres équipes n'était pas une hérésie. Loin de là.

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le 29 déc. 2021

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