Un Joker qui n'en a que le nom, un Batman qui n'en est pas un...

À peine remis de son éprouvant combat contre la Cour des Hiboux, Batman voit revenir son pire cauchemar, le plus terrible de ses adversaires : le Joker ! Et cette fois-ci le Clown Prince du Crime est décidé à détruire non pas uniquement le Chevalier Noir, mais également tous les associés qui gravitent autour, à commencer par Alfred, le fidèle serviteur…

Grand fan du protecteur de Gotham, assez emballé par le travail de Snyder sur Batman (bien que la fin de la Nuit des Hiboux m’ai sacrément déçu), et davantage par celui de Capullo qui fait des merveilles, j’attendais avec une impatience non dissimulées et non dissimulable l’arrivée du mon personnage préféré sur le titre. Le Joker tout simplement. Après un an d’absence le clown à l’humour frappant s’apprête à faire son retour à Gotham ! Et de par les dires de Scott Snyder, ce retour va se faire dans la douleur et marquera à jamais l’univers de Batman. On me promet quelque chose de grand, de fort, d’intense, je n’en attends pas moins pour ce nouveau face à face entre Batman et le Joker. Avec une telle équipe créative, un tel méchant charismatique et un tel effet marketing, je m’attends à une histoire culte ! Je m’attendais à une histoire culte…

Première chose importante, Capullo qui maîtrise à la perfection l’univers et l’ambiance de Gotham, ainsi que les personnages qui peuplent les rues de la cité, nous offre un Joker absolument magnifique. Complètement déluré, un visage de malade, au sens propre comme au figuré, une nouvelle tenue, pour varier les plaisirs, et voir le clown porter son visage come un masque en rajoute encore au grain qu’il a. Que dire des lieux comme l’asile d’Arkham empreints d’angoisse et d’un petit côté malsain, collant parfaitement avec le clown du crime.
La Gotham de Cappulo, si elle était magnifique jusqu’alors est ici parfaite, on se sent oppressé dans les rues, mal à l’aise à l’entrée de l’asile, tout la ville transpire la folie et la noirceur domine.
Les autres personnages sont toujours dans le juste, dans le vrai. Graphiquement c’est un sans faute.

Au niveau de l’histoire ce n’est pas vraiment le cas. Et pourtant, cela commence si bien. Le Joker absent depuis un an, décide de se rappeler aux bons souvenirs de Batou et de la police de Gotham en attaquant, rien de moins, que le commissariat. Il y fait une véritable boucherie, on frissonne alors que l’on ne voit rien, qu’on est dans le noir, la terreur et la peur sur le visage de Gordon suffit à nous glacer le sang.
Un bain d’acide, un kidnapping de majordome et une tentative de meurtre sur un commissaire plus tard, Batman se retrouve enfin face à son pire ennemi. Dans tous ses récents méfaits, le Joker entrevoit une sorte de symbolisme, de poésie ! Il choisit des lieux marquants de ses duels passés avec son cher et tendre Batman. Il veut que Batman se souvienne de lui, de tout ce qu’ils ont vécu, traversés ensemble, avant qu’il ne l’oubli durant sa confrontation avec la Cour des Hiboux, avant qu’il ne s’empâte, ne s’alourdisse avec la présence de tous ces Batbébés qui gravitent autour de lui. Nightwing, Robin, Bargirl… Il ne reste alors au Joker qu’une seule solution, faire en sorte qu’ils s’éloignent tous de Batman, grâce à son carnet! Un carnet où le Joker explique avoir appris l’identité de tous les justiciers de Gotham. Dès lors, les graines de la suspicion et du doute sont plantés dans l’esprit des jeunes. Il pourra dès lors récupérer SON Batman.

Après ça ? Et bien après ça plus rien. Le plan du Joker est affligeant, les protagonistes inutiles, les résolutions tellement faciles, aucun changement de statu quo… Même si Snyder nous laisse sous entendre le contraire, la lecture des numéros suivants nous montre, qu’au final cette saga, tellement (trop) longue en cinq chapitres n’aura aucune répercussion sur notre personnage fétiche. Publicité mensongère ? Il n’y a qu’un pas. Je ne m’attendais pas à un bain de sang, avec des personnages importants qui sont assassinés à chaque fin de chapitre, bien au contraire, mais j’attendais, légitimement, vue ce que l’on nous annonçait, un changement radical dans le paysage de la bat-family. Mais non, rien du tout. Pire que tout, c’est le Joker qui ne ressort pas grandi dans cette histoire, si l’on retire son arrivée fracassante dans la série à travers l’attaque du commissariat, il n’est que l’ombre de lui-même. Un pastiche de Joker. Snyder a probablement, été dépassé par l’ampleur qu’il a voulu donné à sa saga.

Tout n’est cependant pas à jeté dans le travail de Snyder sur cette saga. Comme toujours, il nous livre d’excellents dialogues, toujours savoureux, qui savent piquer, quelques scènes fortes. Mais seulement des scènes, car son histoire, fade, écrase tout, jusqu’à la personnalité des personnages. On se retrouve quand même avec un Batman qui perd tout sens de logique et de détective pour courir et tomber dans les trappes que laisse le Joker derrière lui. Que dire des Robin, Nightwing, Bartgirl, Pingouin et autre Double-Face qui ne sont là que pour faire les blondes de service. Heureusement que le Joker ne tue aucun des proches de Batman, mais nous rabat les oreilles encore et encore que quelques choses de terribles va leur arriver pour au final se taper ce final ridicule, la pilule a beaucoup de mal à passer.
Ne parlons pas du soi disant duel psychologique, il n’y en a absolument pas. Le Joker se tape son délire tout seul dans son coin, délire sans le moindre humour, avec un Batman en guise de pantin qui ne fait rien et réagit seulement comme le désirait le Joker. Le cerveau de Batou est en mode pause durant cette saga. D’ailleurs, il n’y a pas de duel psychologique, mais il n’y a surtout pas de duel du tout. Et terminer ce tome en se disant tout ça pour ça ? Ca fait mal.

Petit mot sur les différents interludes entre chaque chapitres, totalement inutiles vu qu’ils se centrent sur d’autres méchants de l’univers de Batman et que ces méchants n’auront au final aucun rôle dans le solo du Joker.

Bref, le clown nous livre là sa blague la plus pathétique et elle est a mettre au crédit de Scott Snyder.
Romain_Bouvet
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le 14 févr. 2014

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Romain Bouvet

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