Avant de publier ce tome 3 titré « Le Deuil de la famille » dans la collection DC Renaissance (à ne pas confondre avec « Un Deuil dans la famille »), Urban Comics a publié « La Cour des Hiboux » et « La Nuit des Hiboux » (tomes 1 et 2) également écrits par Scott Snyder et dessinés par Greg Capullo. La lecture des deux premiers tomes n’est pas indispensable pour vous plonger dans ce tome 3, mais il serait bien dommage de passer à côté car le duo Snyder/Capullo est à l’origine de ce qui s’est fait de mieux récemment dans les comics de Batman, tant au niveau de l’histoire que du dessin. Capullo avec son style très fin, très « sale » donne l’impression que Gotham est pesante, ultra violente et prête à faire émerger la pire vermine, alors que Snyder tente de nouvelles choses sur un personnage pour lequel on a le sentiment que tout a été écrit à une époque où Batman rime avec Nolan pour beaucoup de lecteurs.
Côté dessin, c’est donc toujours aussi sublime mais les interludes dessinés par Jock sont tout aussi beaux. Le dessin de ce dernier a un style parfois trop tranché et dépouillé par rapport au reste du comics mais cela reste efficace, sans que l’histoire perdre en cohérence bien au contraire. Le dessin est d’ailleurs LE point fort de ce tome parce que si l’on se tourne du côté du scénario c’est hélas moins éblouissant que pour « La Cour des Hiboux » et « La Nuit des Hiboux » même si Snyder continue de semer ses petits cailloux. Le problème c’est que le Joker manque de cruauté au regard de toutes les belles intentions disséminées au sein de l’histoire et des artifices physiques que Capullo lui donne (la fameuse peau de son visage cloutée à même ses muscles et tenue par des élastiques vous donnera quelques probables nausées). C’est à se demander si Snyder a eu peur d’aller trop loin. Résultat des courses, sans vous dévoiler le dénouement de l’intrigue, la fin tombe à plat et laisse une impression de bouclage rapide qui ne répond pas à la promesse initiale.
C’est vrai uniquement si vous en restez là car évidemment il y a une double lecture possible. Cela ne m’a frappée que le lendemain de la lecture mais on peut supposer que cette incursion du Joker était peut être totalement calculée et qu’elle pèsera sur toute la suite de la fameuse « continuité ». Peut être que le mal produit est imperceptible en refermant le tome, mais certains éléments devraient donner du grain à moudre à Snyder et Capullo dans l’orientation qu’ils souhaitent donner aux futures aventures. C’est donc sur cette nouvelle promesse qu’il faudra fonder son jugement final.