Le Goût du chlore
6.8
Le Goût du chlore

Roman graphique de Bastien Vivès (2008)

J’adore la piscine, et mes quelques mois de sevrage étaient censés s’achever cette semaine, si la “fermeture technique” des bassins n’en avait décidé autrement. (ouai moi aussi je trouve la vie bien injuste parfois).


Mon inconscient a dû le sentir en choisissant à la bibliothèque un album idéal pour me replonger dans le bain, et je l’en remercie parce que ça y est j’ai soif de chlore le chapitre de mon manque de nage.


L’album a l'originalité de ne rien raconter de particulier, de ne montrer qu’un lieu, peu de personnages, et encore moins de dialogues.
Et pourtant il nous dit tout.


C’est comme si on nous offrait un retour aux sources, tant on se retrouve sans problème dans ce héros un peu gauche qui découvre un peu pataud l’agencement de la piscine, qui se perd au milieux d’inconnus pour finalement s’attacher à une personne.


Maladroit, il l’est encore pour aborder la sirène qu’il a repéré, et il suffit de quelques images bien senties pour qu’on vive avec lui son attirance, son attente, ses espérances déçues et ses avancées à pas comptés.


Le goût du chlore joue comme une madeleine de Proust, de la même manière que l’odeur d’une piscine, les souvenirs des moments où on a été emprunté comme le personnage refont surface.


Alors qu’elle est vide, l’histoire nous parle, tout est aussi simple que ces quelques cases qui nous font comprendre que le héros a du mal à tenir sa ligne quand il nage sur le dos, tel un jeune bambi qui doit apprendre à tenir sur ses 4 pattes.
L'éternel apprenti qui sommeille en nous trouve un certain réconfort à suivre un héros qui lui ressemble si bien.


Et ça, ça parle beaucoup à l’asociale qui m’habite: déjà je suis myope comme une taupe, donc incapable de reconnaître même des visages familiers, mais surtout du coup je ne peux pas dire si les personnes à côté de moi me sourient ou même m’adressent un regard. Le pire étant quand les sourires viennent de gens qu’on est censé reconnaitre évidemment.
C’est aussi toujours très drôle de voir les gens dans les vestiaires et de se demander si on les a croisés dans les bassins ou pas, et de constater que si l’habit ne fait pas le moine, il en dit plus sur nous qu’on ne l’imagine.

iori
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le 10 nov. 2016

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