Curieuse conclusion que celle du cycle d' Horologiom. Si le combat attendu, téléphoné depuis le premier épisode, a bien lieu, la "purification finale" des côtés sombres de ce monde ne répond pas au schéma de la vengeance contre les méchants, et d'ailleurs les héros en sortent, pour gagner un monde des vivants, certes, mais est-il sûr qu'il soit plus réel, au regard des étranges démiurges qui y habitent, et dont le dialogue est à l'origine du monde d'Horologiom ? Cette sortie crée un effet soudain de distanciation par rapport à Horologiom, qui conduit le lecteur à considérer ce monde comme une bouffonnerie plus ou moins sinistre. Du coup, l'intérêt que l'on a pu prendre aux épisodes précédents s'en trouve relativisé.
Au final, on casse beaucoup de mécaniques, et le monde des horloges humaines s'ouvre à l'oxygène des vivants, moins réglés mais plus assujettis aux lois du temps. On serait tenté d'y entrevoir une métaphore du Grand Scénariste face à ses personnages, voire des essais de création devant lesquels le Créateur éprouve un mélange d'attachement et de repentir.
Cet opéra graphique s'enrichit d'un port-folio encyclopédique illustrant la diversité des mécaniques exotiques et loufoques utilisées dans le monde d'Horologiom, et même le curieux calendrier de la cité. Bizarre jusqu'au bout, soigneux dans les dialogues, le découpage, les couleurs et les décors, Horologiom a su créer sa propre niche au sein des galaxies des cycles de BD, en restant à distance des schémas accoutumés qui permettent aux scénaristes de tirer à la ligne en flattant l'esprit de convention des lecteurs.