Second opus sans Uderzo et xième sans le regretté Goscinny, "Le papyrus de César" fait suite à un "Astérix chez les pictes" qui, s'il n'était pas une purge, était à ranger dans l'étagère "aussitôt lu, aussitôt oublié".
Et autant tuer le suspense tout de suite, il en sera de même pour ce "Papyrus de César", dont le principal problème est que le scénariste, Ferri a absolument voulu faire du Goscinny. Comprendre par-là : injecter dans l'univers des gaulois une critique de la société actuelle et de ses travers tout en faisant de l'humour via des anachronismes et des références contemporaines, ponctuées de quelques jeux de mots (je simplifie certes beaucoup la recette des vieux Astérix mais ils avaient tous ceci en commun).
Sauf que ce n'est visiblement pas la tasse de thé (avec un nuage de lait) de Ferri : tout est forcé, on sent une volonté de bien faire qui tombe complètement à plat et qui donne lieu à une imitation fade et presque gênante. Là où les blagues de Goscinny étaient glissées en finesse dans la narration sans la ralentir, celles de Ferri mettent carrément l'histoire en pause, ce qui les rend parfaitement caduques. Là où la critique sociale dans les scénarios de Goscinny était en filigrane et permettait plusieurs niveaux de lecture selon l'âge, "Le papyrus de César" est un grossier pastiche de nos médias et de nos politiques actuels, sans finesse, où Ferri s'est contenté de grimer péniblement la réalité avec des moustaches, des braies et des lauriers. Il peut sembler un peu injuste de comparer Goscinny, qui avait davantage de bouteille à Ferri, qui n'en est qu'à son second album mais ce dernier s'efforce tellement, que dis-je, s'acharne tellement à vouloir faire comme son prédécesseur qu'il ne peut qu'inciter à la comparaison. Et elle ne le flatte pas, bien au contraire.
Le dessin de Conrad, quant à lui, m'a paru bâclé sur certaines cases, un comble lorsqu'on sait combien d'années se sont écoulées entre les deux albums. Je peux passer sur de petits détails, moins quand la gueule du personnage ne ressemble plus à celle visible sur la case d'avant, surtout en gros plan.
Ce qui se dégage de cet album, c'est une triste imitation d'un dessinateur et d'un scénariste qui ont peut-être du talent par ailleurs mais se sont travestis en Uderzo et Goscinny, ce qu'ils ne sont à l'évidence pas. Et cela m'interroge : est-ce qu'Astérix ne peut pas exister sans ses créateurs d'origine, plus précisément, Astérix ne pouvait-il pas survivre à Goscinny ? Les dernières tentatives pour le faire perdurer tiennent plus du soin palliatif que de la résurrection miracle, pour moi. Peut-être est-il temps de déposer le bouclier.