Retour un poil compliqué quand même
A l’instar du tome 4, le tome 5 du run de Grant Morrison sur Batman est aussi une petite coupure à la trame principale. Ce volume comporte l’intégral de la mini série Return of Bruce Wayne. Préparez votre cachet d’aspirine, on a le droit à du Morrison dans toute sa splendeur !
Bruce Wayne a été envoyé à l’aube de l’humanité par le tyran Darkseid. Amnésique, il va devoir user de toutes ses ressources pour retrouver son chemin dans le temps, se projetant à chaque fois plus en avant dans les époques, pourchassé par un monstre créé par Darkseid (contient Return of Bruce Wayne the deluxe edition (Return of Bruce Wayne # 1-6).
Bon, il faut le dire tout de suite, ce cinquième tome du run de Morrison est très, très, très (très puissance 10) difficile d’accès. Autant être franc, Grant Morrison délaisse un peu ici le lecteur pour se concentrer sur ses propres envies de fan de la chauve-souris. Et ses idées paraissent bien souvent assez obscures, même pour d’autres fans de Batman. C’est d’ailleurs un peu le problème récurrent de ce volume, Grant Morrison donne l’impression de vouloir tout changer, tout toucher mais très souvent au détriment de la compréhension générale de sa mini série.
A tome particulier, review particulière. Au vue de l’aspect nébuleux, complexe, difficile d’accès de ces histoires, je préfère ne pas rentrer en profondeur dans chacun des chapitres, afin de ne pas bloquer voir ôter l’envie de lire ce tome. Car même s’il est complexe, cela est indéniable, il est tout aussi indéniable qu’il est essentiel dans le run de Morrison.
Nous l’avons tous compris, Batman n’est pas mort (y’en avait-il vraiment qui l’avait cru ?), mais il a été envoyé dans le passé par Darkseid. Mais Darkseid n’a pas fait cela sur une soudaine envie. Il savait que le justicier ferait tout pour revenir à son époque. Le souci, plus Batman remonte le temps, plus il sature d’énergie Oméga, plus il se transforme en véritable bombe. Ce qui est dommage, là aussi, c’est la pirouette un peu facile que Morrison utilise pour contrer son propre piège. Que Batman voyage à la fin des temps pour effacer sa mémoire et ainsi que son plan ne soit pas découvert par l’hyper adaptateur et ensuite repartir à notre époque pour s’opposer à la Justice League, désolé mais c’est un raccourci et c’est sacrément tordu.
Pourtant, il y a pas mal de bonnes choses dans ce tome. Le principe de base du voyage dans le temps de Bruce est bien construite. Six histoires, six époques, si dessinateurs. Je suis un peu moins fan du « six dessinateurs », surtout que les styles graphiques sont vraiment trop inégaux. A chaque arrêt dans une époque (du paléolithique au Western, de l’époque des Pirates à nos jours) de Bruce Wayne, Morrison lui fait revivre sous un autre angle un fait marquant (enfin plus ou moins) du mythe Batman. Tout cela alors que notre justicier est totalement amnésique. On va assister ainsi à la découverte d’un sidekick, la relation avec la chauve-souris, la malédiction de la famille Wayne, et même l’enquête de Bruce sur l’évènement ayant déclenché la naissance de Batman. Mais là aussi le contre coup, Morrison fait faire des choses à Batman qu’on ne s’attend pas à voir. Comme tuer de façon assez sauvage !
L’autre petit amusement de Grant Morrison, en plus d’utiliser beaucoup de personnages issus de la famille Wayne, est d’utiliser des objets, des symboles et des personnages du DC Verse. Des Symboles comme le W de Wonder Woman ou le S de Superman. Des personnages comme le docteur Carter Nichols, Vandal Savage ou encore Jonah Hex. Mais bien souvent ces symboles sont peu expliqués et ces personnages peu exploités.
Niveau des dessins, comme je l’ai déjà dit, c’est très inégal. Alors oui il est peut-être intéressant de voir un style graphique différent pour des époques différentes. Mais je n’en suis pas fan, d’autant que les styles sont vraiment différents. Mention spéciale pour l’excellent Yanick Paquette sur le chapitre trois et les pirates au style sombre et expressif. Ainsi que Frazer Irving (dont je ne suis pas fan pourtant) sur le deuxième chapitre et frère Mordecai, où son style dépeint de fort belle façon cette aura fantastique et limite d’épouvante de.
Le reste étant assez quelconque, voir mauvais. Personnellement le passage d’un style à l’autre me dérange.
Morrison s’amuse donc à réinventer la mythologie de Batman. Du moins à en donner son point de vue. Il plonge pour cela dans la psyché de Bruce Wayne, dans ses souvenirs, dans son passé (plus ou moins lointain) et s’amuse à remixer tout cela à sa sauce en y rajoutant des éléments, plus ou moins crédible, selon sa convenance.
Le retour de Bruce Wayne est une sorte d’ovni, dans lequel Grant Morrison cherche à emmener Batman, et surtout Bruce Wayne, au-delà de ses limites, au-delà d’’où le chevalier noir en s’est jamais aventuré. Mais le chemin est tortueux et souvent lourd et indigeste à lire.
Heureusement, les pauvres petits lecteurs que nous sommes, nous avons le Dossier Noir pour nous permettre d’y voir plus clair, beaucoup plus clair même. Personnellement je l’aurais plus vu dans ce cinquième tome que dans le précédent.
Bref, j’ai essayé de faire cette review de façon objective, comme un lecteur lambda, à titre personnel j’ai été absolument fan mais en même temps je suis fan de Morrison. Il faut bien avouer que ce cinquième volume n’est pas facile d’accès, bien au contraire. Il y a beaucoup de références sur le bat-verse, sur tout le travail de Morrison sur Batman depuis le début de son run. Avec en plus de cela, les voyages dans le temps, le mélange des genres graphiques et le lecteur se perd très vite dans l’esprit tordu de Morrison. Pourtant c’est un pan important du run, il ne faut pas hésiter à le lire et le relire au calme, avec le tome 4 et son Dossier Noir auprès de soi.