So british !
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BD franco-belge de Edgar P. Jacobs (1950)
Ce premier album de Blake et Mortimer est incontestablement animé d'une incroyable fougue. Pas le temps de poser les personnages, on entre immédiatement dans le vif du sujet et les péripéties se multiplient à l'excès. L'univers d'E.P Jacobs est, d'emblée, noir et martial. Une troisième guerre mondiale éclate avec des armes redoutables au service de nouveaux conquérants qui ne pensent qu'à asservir le reste du monde. Les grandes villes sont anéanties en trois coups de cuillère à pot et nos deux héros (qu'on n'a même pas le temps de présenter) sont embarqués dans une folle course-poursuite qui les conduits au Moyen-Orient.
S'il est trépidant et n'offre pas de place à l'ennui, ce premier tome est certainement trop trépidant pour totalement convaincre. Si les armes (et notamment les véhicules aériens ou terriens) sont d'une modernité époustouflante, les enjeux sont, en revanche, d'une triste étroitesse. Un conquérant "jaune" qui répète qu'il veut devenir le maître du monde à chaque fois qu'on l'aperçoit, on ne peut s'empêcher de penser que le trait de la caricature est trop épais. Seul Olrik présente déjà quelques caractéristiques qui interpelle. Blake et Mortimer, s'ils sont au coeur de l'action, peinent à exister au-delà des invraisemblables péripéties auxquelles ils réchappent. Ils paraissent certes courageux et malins, mais leur personnalité est totalement transparente en raison, notamment, de dialogues peu approfondis. Pire, le dessin les dessert étrangement. Alors qu'ils sont, au début de l'histoire, parfaitement dessinés, ils deviennent, au fur et à mesure des planches, esquissés de plus en plus sommairement, preuve du peu d'intérêt que semble leur porter E.P. Jacobs dans cette première aventure.
Pétaradant comme un John Wick, ce premier volume ne laisse pas le temps de prendre tranquillement la mesure de ce qui nous est raconté. Tout va trop vite, tout est trop invraisemblable, outrancier, tout est trop sacrifié à l'action et aux engins motorisés qui filent dans tous les sens. Arrivé au bout de la dernière planche, on a le désagréable sentiment d'être passé dans une essoreuse et d'être quelque peu passé à côté d'une histoire qui nous a échappée. Ce n'est pas déplaisant mais E.P. Jacobs apprendra par la suite à mieux gérer ses temps forts et ses temps faibles, mais surtout à bien poser ses enjeux afin de rendre les aventures de nos deux amis plus palpitantes. Si l'histoire est audacieuse, elle est malheureusement mal exploitée dans un premier tome où les personnages ne sont que les instruments d'une succession de scènes d'action parfois fatigantes. Enfin, et c'est souvent agaçant, E.P. Jacobs manque de maîtrise dans ses planches où les dialogues et les descriptions (bien souvent, par ailleurs, inutiles car redondantes du dessin) ne sont pas toujours logiquement disposés. Ce détail, qui n'en est pas un, montre qu'il n'est vraiment pas encore maître de son art.
Créée
le 17 mai 2021
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