Contrairement à un premier opus trop pétaradant et brouillon, ce second volume est davantage apaisé et donc maîtrisé. Le début s'inscrit cependant dans la lignée du précédent (la première découpe de cette aventure était en deux tomes facilement identifiables ici et bien plus logiques dans leur contenu). Le dessin des personnages principaux reste sommaire (ce qui est surtout dérangeant, c'est que ce n'est pas le cas au début de l'aventure, preuve d'une certaine négligence d'E.P. Jacobs), les visages semblent plus crayonnés que dessinés notamment, et les premières pages restent trop agitées.
Passé le premier tiers, la mise en scène est plus lente et les enjeux s'apprécient bien mieux. Le dessin, à ce moment-là, devient plus précis, ce qui est un atout indéniable car les décors ne sont jamais négligés. S'il ne se passe rien de réellement fabuleux, on apprécie davantage le contexte qu'a imaginé l'auteur. Cette troisième guerre mondiale prend une réelle épaisseur et les efforts des résistants prennent tout leur sens. Comme lors du premiers opus, Mortimer est au premier plan et démontre des talents héroïques que ne semblent pas toujours posséder un Blake plus malchanceux. Au fil des pages, cependant, la sagacité de ce dernier permet de faire avancer l'intrigue même si, encore une fois, Mortimer se montrera mille fois plus affûté qu'un soldat de choc alors qu'il n'est qu'un scientifique ayant le goût de l'aventure.
E.P. Jacobs n'est pas encore tout à fait maître de son art mais l'histoire est mieux développée et les péripéties (moins nombreuses mais mieux amenées) sont bien plus palpitantes. Il est dès lors évident que ce deuxième tome passionne de plus en plus au fur et à mesure que les pages se tournent. Autant, à la fin de la dernière planche du premier, nous n'étions pas forcément pressés de connaître la suite, autant ici il nous tarde de voir comment vont les événements vont évoluer. Olrik, dont les traits de perfidie ont été encore approfondis, fait belle figure, et nos deux amis, dont le visage est enfin retrouvé, semblent en mesure d'être son égal tant leurs traits de caractère sont ici davantage esquissés. A n'en pas douter, on voit ici les progrès manifestes réalisés par E.P. Jacobs depuis qu'il a débuté cette aventure. On ne peut que s'en réjouir !