Cette critique est de circonstance, puisque je m'apprête à aller voir au cinéma l'adaptation par Spielberg de ce 11ème tome des aventures du héros de mon enfance, j'ai nommé Tintin. Vous l'aurez compris, cette critique ne se voudra donc pas objective.
Le Secret de la Licorne est un de mes Tintin préférés.
A première vue, l'album semble croiser les intrigues : affaire de pickpockets menée avec brio (!) par les Dupondt, convoitises autour d'une maquette de bateau, cambriolage, éventuel trésor, des moineaux, un récit historique... Tout est parfaitement ficelé, tout sera résolu en temps et en heure grâce à la maîtrise parfaite d'Hergé, qui sait où il va sans pour autant se trahir ; on ne peut qu'essayer de deviner (1ère lecture) puis on prend plaisir à relier entre eux les indices (lectures suivantes).
C'est aussi dans *Le Secret de la Licorne* qu'on trouve le passage le plus "littéraire" de toute la BD, et qui me permet de dire que OUI c'est un art, et un art complet : le récit du capitaine Haddock qui revit les aventures de son ancêtre. Ce plongeon dans le passé est véritablement magnifique : comme Haddock, j'y étais, j'y suis encore. Un excursus qui permet l'évasion et qui est en même temps crucial pour la suite (et notamment *Le Trésor de Rackham Le Rouge*). Un passage épique à sa place, au temps des chevaliers comme François de Haddoque.
C'est aussi un album qui laisse la part belle à Milou, qui est mon ami de toujours puisque c'est en quelque sorte une figure du lecteur dans Tintin (ben oui, il a peur de ce qui va arriver à Tintin mais il est obligé de le suivre!), Milou qui connaît ici son heure de gloire, rapidement secondé par Haddock et même les Dupondt (décidément).
C'est aussi l'album qui intègre ce qui deviendra la toile de fond d'une partie de l'univers Tintin, à savoir Moulinsart, et le brave Nestor qui va avec (qui est là pour prouver que la dichotomie gentils/méchants n'est pas si présente que ça dans Tintin). Bref, c'est un album qui resserre les liens entre les personnages que sont Tintin et Haddock, mais qui constitue aussi un pont entre l'ancien et le nouveau, les mémoires d'un ancêtre d'une part et la promesse d'une chasse au trésor de l'autre, de l'ère "Rue du Labrador" à l'ère Moulinsart...
Pas étonnant que ce soit sur celui-là que Spielberg ait jeté son dévolu.