Arrivé au terme du premier tome, j'avouais le plaisir pris à le lire, tout en pointant une petite réserve, concernant la suite du récit et sa capacité à développer les promesses entraperçues. Arrivé cette semaine, le second tome a, en partie, confirmé ma réserve. En le refermant, j’ai eu l’impression d’un effet soufflé : après le plaisir pris avec le premier, où l’effet de surprise jouait pas mal, celui-ci a fait quelque peu retomber l’envie… pour mieux la faire repartir avec le suivant ?


Les bases posées dans le premier tome, l’histoire se poursuit, avec toujours cette volonté de s'amuser avec les codes du genre. Le grand moment à cet égard est celui où Saitama révèle sa méthode d’entraînement, qui lui a permis de devenir si fort. Surprise garantie pour tous ceux qui s’attendaient à quelque chose de « monstrueux », d’inhumain. Son propos, balancé sur le ton le plus sérieux du monde se trouve immédiatement descendu par Genos lui-même, qui ne croit pas un instant qu'une telle méthode puisse marcher. Saitama affiche donc un peu plus son décalage par rapport à ceux qui l’entourent. D’un combat rapidement expédié où le fin mot de l’histoire est que Saitama a une mauvaise connaissance du calendrier (et où Genos se paie une pose très « art moderne » ainsi qu’une nouvelle coupe de cheveux) en passant par la protestation des chauves (avec des accents très marxisme version « mode de production communiste ») et un poing dans les parties, l’intrigue avance mais fait apparaître (déjà) un soupçon de lassitude car i) un coup de poing de Saitama suffit à tout régler ; ii) on ne peut pas dire qu’à côté de Saitama Genos arrive à faire sa place. Il est pour le moment assez transparent. Certes dans le futur, les poings de Saitama ne suffiront peut-être pas à tout régler (la force ne suffit pas toujours) mais l'impression qui se dessine - déjà évoquée pour le tome 1 - c'est que l'intérêt pour One-Punch Man risque d'être à rechercher, de plus en plus, du côté des personnages autres que Saitama. A être trop puissant notre héros risque de ne pas être aussi connu que les autres, un sacré paradoxe !


Pour autant, le tome sème quelques petits cailloux pour la suite avec i) sa fin et l’almanach des super-héros qui devrait occuper Saitama et Genos ; ii) Sonic le foudroyant qui voudra une revanche avec Saitama (running gag en vue ?).


Au rayon des confirmations l’humour répond présent, que ce soit via les noms de personnages (Grisbi, Mante le Joli...), les répliques de Saitama (il préfère toujours les propos synthétiques), l'agencement toujours réussi de la couverture voire quand on l’enlève ou encore ce qui figure dans le tome (cf. le symbole sur la résidence de Grisbi ou page 19 et l’ours qui s’est fait tabasser – dédicace perso’ à Hugh Glass dans The Revenant). Le dessin de Murata est toujours des plus réussis notamment lors des moments de baston ou d’accélération (voir notamment ce qui se passe avec Sonic) mais je regrette parfois le format retenu, notamment pour apprécier pleinement les double-pages ou les planches qui s’étalent sur toute la largeur ou presque.


Finalement, ce second volume se révèle bon mais les interrogations apparues avec le premier tome continuent dans celui-ci. Bien sûr ce n'est que le deuxième volume aussi d'ici quelques tomes l'impression de l'effet soufflé ne sera peut-être plus qu'un lointain souvenir. Il n'empêche qu'avec le programme affiché, One-Punch Man doit éviter de tomber dans les codes qu'il revisite tout en allant au-delà. Ce n'est pas une mince affaire mais l'envie d'y croire domine très largement.

Anvil
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le 11 mars 2016

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