À mesure que Nike Hatzfeld, héros au nom fortuit né sous les bombes à Sarajevo, se rappelle les premiers jours de son existence, on suit ses retrouvailles progressives avec ses ex-compagnons de berceau. Par la même occasion il découvre un monde de 2026 possible, et moyennement réjouissant : des confédérations internationales aux allures d’armées religieuses y affrontent des armées religieuses aux allures de conglomérats techno-industriels. Au centre du complot pour la domination mondiale, le maléfique Holewar, manipulé par ceux que ceux qu’il croit manipuler manipulent — si, si, ça tient debout.
Tout cela pourrait être un récit d’espionnage, mais c’est de la science-fiction. Et façon Bilal : le lecteur qui en a apprécié ailleurs l’intelligence et la maîtrise retrouvera le dessin tout en froide nervosité bleutée et le scénario qui ne sous-estime personne. Autrement dit, avec le Sommeil du monstre, ça ne rigole pas. Si bien qu’il manque le grain de folie qui faisait parfois décoller la « Trilogie Nikopol ».