Finir ce genre de BD ce n'est pas simple, enfin c'est ce que ça m'a fait à moi. Tout est subjectif.
Moi j'ai pleuré....et j'emprunte mon titre à Sagan, elle ne m'en voudra pas j'en suis sûre.
L'histoire des deux jeunes femmes est troublante, elle rappelle combien nous sommes soumis à nos sentiments, combien l'amour, l'attirance, le désir physique qui nait en soi résultent de notre vie et de notre condition d'êtres humains.
La jalousie, les peurs, l'addiction, la recherche de soi, la honte, la moquerie...font partie de la quête labyrinthique qu'entreprend le personnage principal que l'on connaît par le biais de son journal.
La relation entre le lecteur et elle, pour peu qu'on y soit réceptif, est vraiment très intime et m'a rappelé un peu l'esprit Satrapi : le cataclysme vu de l'intérieur, voilà ce que ça fait de souffrir, voilà ce qui fait mal...et voilà les questions que je me pose. Le journal ne nous est pas directement adressé, il y a un intermédiaire avant nous... mais cet intermédiaire ne nous exclue pas, au contraire, car il nous livre ses réactions.
Je n 'ai pas vu l'adaptation d'Abdellatif Kechiche (son travail sur la Venus Noire m'avait troublée) et je ne suis pas sûre de vouloir le voir. J'ai peur que la beauté et la poésie de l'oeuvre de Maroh soit parasitée par des images crues. Car l'oeuvre est poétique bien qu'il y ait des dessins explicites.
Elle est presque onirique par son traitement du trait et des camaïeu de gris et de bleus... Le dessin n'est pas figé, très légèrement japonisant, le mouvement est installé par ce balancement entre couleurs, paroles et figures. Ce n'est pas une BD où l'on s'ennuie...mais où l'on sent nuit et où le sang nuit, ou coule...au coeur.
Bref, j'ai aimé, mais je ne verrai pas le film tout de suite, voire jamais.
Je ne sais pas si je relirai la BD plus tard.
Si je la recommande? Oui, bien sûr, elle peut servir :
- à ceux qui ont vécu des histoires d'amour déchirantes, cela peut avoir un effet cathartique
- à ceux qui ont souffert de rejet quelque soit la nature du rejet.
- aux intolérants qui, je l'espère, recevront une belle claque en la lisant.