Le cabinet chinois
6.6
Le cabinet chinois

BD franco-belge de Nancy Peña (2003)

Jeune étudiant intelligent aux idées nouvelles, opposé aux croyances moyenâgeuses d'un XVI ème siècle qui se heurte à la Renaissance et ou règnent obscurantisme et absolutisme religieux, Corneel est alchimiste. Engagé par un riche mécène pour effectuer des recherches sur l'immortalité, il abandonne sa fiancée, Magriete.
Peu après, cette dernière est enlevée par ce même « mécène », homme défiguré, qui voit en elle le sosie d'un ancien amour perdu. Sans le savoir, elle est retenue prisonnière dans la même maison que Corneel...

L'alchimie. C'est tout le symbolisme de cette science et art ésotérique qui transparaît dans cette oeuvre. Ou plus précisément l'allégorie de l'une de ses principales étapes, la dissolution de la matière : « purifier et laisser apparaître ce qui est invisible ».

Cette phase de l'esprit, chacun des protagonistes l'accomplit à sa manière.
Alors que son aimé, cloîtré à la cave, se révèle en se détruisant dans l'application de ses connaissances occultes, Magriete, séquestrée dans le cabinet chinois, opère, elle aussi, sa propre expérience alchimique. Petit à petit, se débattant avec ses chimères, elle va parcourir le long chemin qui consiste à briser tous ses préjugés, se découvrir et deviner l'homme derrière son « monstrueux » geôlier. Quant au maître des lieux, qui s'exaspère de l'imperfection de la copie, il va progressivement désaimer l'icône de son souvenir pour mieux en goûter la version réelle et bien vivante.
Tous déchireront le voile de leurs illusions, libérant ainsi la vérité de l'âme et du cœur.

Au travers de ce conte, Nancy Peña nous invite dans son univers onirique et simplement beau. Elle nous enchante de son trait élégant, fin et délicat, si divinement féminin.
J'ai particulièrement aimé la profondeur du traitement des personnages ainsi que les différents clins d'œil artistiques, entre autre, le parallèle entre le Corneel de Magriete et le Zénon de Marguerite (Yourcenar).
Sejy
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le 21 août 2011

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