À domicile

L'album de la fin d'un règne. Uderzo remet son tablier après cet album très mal reçu malgré un chiffre d'affaire plus que correct. Il est probable que l'auteur savait qu'il s'agirait là de son dernier album étant donné qu'il a construit sa couverture en opposition avec le premier album.

C'est pas aussi mauvais que ce que j'aurais cru. Uderzo propose une histoire qui se tient, avec un objectif principal, des conflits, des résolutions, de quoi passer le temps, donc. Sans doute peut-on reprocher la lourdeur de la métophore et la légèreté de la critique que fait Uderzo envers le manga, mais au final, peu importe le message, peu importe que ce soit manichéen : on a des méchants, on a des gentils, tout le monde se tape dessus et Astérix se retrouve au milieu de tout cela.

Là où ça dérape vraiment, à mon avis, c'est sur les 8 dernières pages où Uderzo étire cette fin de manière déstructurée ; les objectifs étant atteints, il n'était plus nécessaire d'ajouter un dernier retournement de situation qui, en plus, n'amène aucun enjeu (on sait bien que le petit Mickey ne va pas anéantir le village). Je reproche aussi des situations traitées trop superficiellement ; l'auteur aurait pu pousser plus loin ses conflits et ses situations en général ; ça reste trop simple, trop facile.

Mais vraiment, j'insiste pour dire que la structure principale n'est pas si différente des autres albums, c'est juste qu'au lieu d'avoir des Bretons, des Auvernois, des Egyptiens ou n'importe quelle autre nation, nous avons des extra-terrestres. Quant à la caricature, l'auteur en emploie depuis toujours, et je trouve ça amusant que ses extra-terrestres ressemblent à des personnages de cartoons ou de personnages de mangas ou de bodybuilders...

Graphiquement, Uderzo a su former son équipe. La couverture est très moche pourtant, et laisse présager le pire. Mais le contenu est mieux géré. Malheureusement, même si le dessin reste de qualité, on ne retrouve pas les détails florissants d'il y a 15 albums ; même les expressions manquent de variété, Obélix n'a plus qu'une seule façon d'utiliser ses mains lorsqu'il parle. Uderzo n'a jamais été un grand compositeur en terme de cadrage, mais il s'efforçait d'user de petits trucs pour dynamiser une scène ; malheureusement, il n'y arrive plus et l'on regrette que ces batailles aériennes ne soient pas plus spectaculaires malgré quelques bonnes idées graphiques. Je ne suis pas fan non plus des couleurs et autres effets travaillés à l'ordinateur : même si le coloriste parvient à créer de la matière, ça reste encore trop plat et froid.

Bref, un album qui souffre de quelques facilités narratives et d'une fin beaucoup trop étirée, mais qui reste divertissant.