Avec son format "pavé", cette oeuvre singulière d'Emmanuel Guibert est un mélange de plaisir et d'insatisfaction. Je m'explique : le contenu est d'une grande qualité avec des dessins constamment variés (crayon, aquarelle, gouache, feutre), qu'ils soient abstraits ou hyperréalistes. Entre les dessins de ses balades parisiennes se calent de-ci de-là de chouettes anecdotes, des échanges intimes ou futiles entre hommes et femmes croisés au hasard du bitume de la capitale.
Malheureusement, LE PAVÉ DE PARIS est peu maniable. Les illustrations sont dénuées d'aération et par conséquent de souffle. Il leur manque cette espace qui leur conférerait la vie dont elles semblent pourtant jouir.
Alors, si l'idée de départ qui est de constituer un carnet de croquis n'est pas unique en BD, loin s'en faut, celle de l'éditer sous un tel format l'est. Cette originalité a de la gueule dans la bibliothèque, ça se démarque, on se demande ce que contient ce gros carré, mais les choses simples sont souvent les meilleures. La sobriété d'un format plus convenu aurait donc mieux servi l'âme de ce généreux et passionnant exercice.