Catalyseur de changements

New 52 avait ses défauts et ses qualités. Mais cette Renaissance avait permis à Scott Snyder de briller sur Batman, notamment en mettant en place la Cour des Hiboux, mais aussi en plaçant le Chevalier Noir et ses alliés dans des situations impossibles. Le voir co-écrire le one-shot de DC Rebirth consacré à Bruce Wayne était plutôt prometteur. Pourtant le chapitre est des plus classiques, servant surtout à réintroduire Duke Thomas.

Un personnage que Tom King - qui a pourtant co-signé le one-shot - semble presque ignorer. Dans ses deux chapitres de Batman, il dépeint un Alfred et un Jim Gordon sarcastiques, drôles, accompagnant un play-boy milliardaire plus léger que dans le précédent run. Finie la voix-off torturée et héroïque de Scott Snyder. Place aux dialogues qui donnent le sourire, sans pour autant trahir sa caractérisation : l'Espoir chéri de Geoff Johns semble aussi traverser Gotham. Par ailleurs, les deux nouveaux personnages introduits par le scénariste peuvent laisser perplexe.

James Tynion IV, lui, s'impose comme le véritable héritier de Scott Snyder. Même si son choix de reprendre la numérotation initiale de Detective Comics, comme Dan Jurgens qui a démarré son run sur l'Homme d'Acier semble étrange : il ne semble pas réutiliser un élément issu de l'univers pre-Flashpoint. A moins que ? A suivre. En tout cas, il part avec un postulat de départ efficace, montant une équipe autour de Batwoman, qui s'inscrit dans une des grandes traditions de DC et parvient à caractériser intelligemment chaque personnage au cours des trois chapitres proposés dans le magazine. Une promesse d'émotion sur la longueur à travers Red Robin ou encore Clayface et un sourire qui se dessine sur le visage des lecteurs de Batman Eternal et de sa suite, lorsqu'ils découvrent Spoiler, mais aussi Orphan. Le reproche à faire porte sur certaines facilités dans l'intrigue et sa mise en place.

Enfin, si Dick Grayson a retrouvé dans les pages de Titans son partenaire et ami Wally West, pour DC Rebirth, il consolide son union avec Tim Seeley, un autre des grands auteurs de New 52. A mi-chemin entre l'attitude extrêmement sombre de son mentor et l'aspect flamboyant de Superman, le jeune homme est sûrement un des personnages les plus intéressants de la Distinguée Concurrence. Le scénariste traite cette dualité avec passion, tout en posant les pièces du puzzle épique que s'annonce être son intrigue. On ne peut pas reprocher grand-chose au scénario de Nightwing. C'est le dessin de Javier Fernandez qu'on peut pointer du doigt, loin d'être à la hauteur de celui de Yanick Paquette, qui signe le one-shot dédié au Jeune prodige. Mention spéciale à Damian Wayne qui arrive à être touchant.