Trou de ver et vide-grenier

Hier, à l’occasion du vide-grenier de mon quartier, je suis tombé en arrêt face à trois bandes dessinées des 4 As, une série oubliée. Trois exemplaires de 1980. Pas un tirage original, hélas, mais des éditions d’époque. Trois exemplaires intacts, parfaits, comme épargnés par l’entropie qui frappe les bd enfantines. Trois exemplaires magnifiques, probablement jamais lus, oubliés dans un placard, comme exfiltrés du passé. Moi, qui ne manque jamais de critiquer les trous de vers, les boucles temporelles et les facilités scénaristiques… je suis désormais forcé d’admettre leur existence.

La création des 4 As remonte à 1964. François Craenhals assure le dessin. Un joli travail. Tout au plus peut-on déplorer que le succès des quatre gamins (42 tomes) se fit au détriment du magnifique et réaliste Chevalier Ardent.

Le scénario est de Georges Chaulet. Le pitch est un clone, gentiment parodique, des Club des 5, Scoubidou et Petit Nicolas. Aucun stéréotype n’est épargné à nos quatre adolescents. Lastic est le leader intrépide et passionné par la mécanique. À beau gosse, belle fille : ce sera Dina. Frivole, naïve et timorée, si elle finit régulièrement dans les bras de ses amis, elle parviendra à surmonter sa peur initiale. L’indispensable élément comique est apporté par un duo. Doc a tout lu, sait tout et multiplie les citations savantes, avec plus ou moins d’à-propos. Bouffi est un ogre à l’appétit insatiable. N’oublions pas l’indispensable sidekick animal, un rôle confié à un surprenant petit chien. À l’inverse des Dagobert, Rintintin, Milou et autre Idéfix, Oscar est septique et pusillanime.

Quelques mots sur Les 4 As et la Bombe F : l’album fleure bon Les Trente glorieuses. Nos jeunes amis ne doutent de rien, surtout pas de la toute-puissance du progrès technologique. Ils bâtissent et détruisent, font péter des bombes, modifient le climat sans la moindre inquiétude ontologique. Triste époque.