Comment imager l'horreur cosmique ? Comment réussir à tirer le meilleur de l'univers que Lovecraft a conçu, mais dont la principale composante est l'indicible ?


Gou Tanabe, mangaka, prends les paris et veut alors s'atteler à un projet titanesque et complexe : Adapter l'entièreté de l'univers de l'écrivain de Providence en manga.


Il commence très fort avec une adaptation des Montagnes Hallucinées, roman de 1931 faisant partie de l'ensemble du Mythe de Ctulhu.


D'un total de 500 et quelques pages et aux panneaux bien noircis, l'ensemble est présenté dans un écrin Made In Kioon de toute beauté. Une reliure cuire généreuse tente désespérément de contenir l'horreur innommable qui se tapit dans ces pages.


On y suit un groupe d'explorateurs faisant alors partie des premiers à vouloir découvrir les terres arctiques. Dans un premier temps, l'expédition se suit sans heurts, mais est vide troublée par l'extraction d'étranges fossiles qui pourrait bien bouleverser notre compréhension de l'histoire même. Et au loin, tapies loin du regard des hommes, un hurlement se fait entendre, celui du vent filant entre les pointes d'une étrange chaîne de montagnes noires.


L'usage du noir et blanc se complaît d'ailleurs parfaitement avec l'ambiance des terres australes : désertique, nimbées de secrets, striées par autant d'abîmes que de renforts rocheux difformes. C'est comme si l'on voyait l'Arctique du regard du jeune Lovecraft, alors fasciné (mais peut être aussi terrifié) par les premières explorations de ces terres lointaines.


Tanabe maîtrise habilement son trait, même si il lui arrive de se perdre un peu dans les scènes de grande ampleur mouvementées. Arrivant à poser un regard unique sur ce qui fait la puissance de l'horreur cosmique, il s'amuse en dissimulant au nez à la barbe du lecteur des monstruosités sans nom dans les décors. Si une certaine fadeur se sent du côté des visages et expressions faciales, rien n'est à jeter côté environnements, tant le soin apporté à détailler ces immenses cités cyclopéennes virerai presque à la folie. Et que dire de celui apporté à donner vie à ces antiques démons qui peuplent cette arctique hallucinée ?


Force est de constater une chose : Gou Tanabe arrive à donner corps à une forme d'horreur innommable et indicible. Il arrive à offrir une vision de l'univers de Lovecraft que nous, pauvres mortels, ne devrions pas être capable de d'observer.

Le-Maitre-Archiviste
9

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le 4 mars 2021

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