Ah, l'Egypte, dès que quelqu'un parle de l'Egypte antique, l'attention est vite captée, et cet album profite en partie du filon. Hergé revisite ici le thème de la malédiction de Toutankhamon, même si ce n'est que dans la première partie de l'album et qu'il s'éloigne pas mal de ce qui s'est passé, ce qu'on ne peut absolument pas lui reprocher, car ce n'est pas son propos. Pas plus que les dessins représentant les décors et les hiéroglyphes, qui n'auront jamais chez Hergé la précision qu'ils pourront avoir chez Jacques Martin, mais qui sont tout de même assez fascinants pour marquer profondément notre mémoire. Hergé ne fait pas œuvre d'historien, c'est avant tout un « conteur ».


Il nous livre en effet ici un nouvel épisode des aventures de son héros le plus célèbre, où Tintin va devoir, comme précédemment, affronter de dangereux ennemis et surmonter moult difficultés pour atteindre ses objectifs.


Un album de rencontres, où notre jeune reporter fait connaissance avec un égyptologue, un maharadjah, un fakir hypnotiseur, un marchand de camelote, le senhor Oliveira da Figueira, et surtout le fameux Rastapopoulos sur le tournage d'un film, sans parler des Dupondt qui sont véritablement introduits dans l'album, après une très brève apparition dans Tintin en Amérique.


Mais ce qui est dommage, une fois de plus, c'est qu'il y a encore beaucoup trop d'aspects de l'aventure qui manquent de crédibilité, par exemple, le passage avec les éléphants : Tintin en guérit un qui le recrute ensuite comme médecin de son groupe d'éléphants ! Tintin apprend leur langue et communique avec eux à l'aide d'une trompette en bois qu'il a fabriqué lui-même. Ou encore quand il achète n'importe quoi à Oliveira Da figueira, ce qui n'est pas très crédible après qu'il ait survécu à un naufrage (a-t-il encore de l'argent ?), ce qui est toutefois atténué par le caractère rigolo de la remarque de Tintin, qui révèle sa naïveté : « heureusement que je ne me suis pas laissé prendre à son boniment » ! (il a quand même acheté des skis, un club de golf et une cage à oiseaux, alors qu'il est rescapé, au Moyen-Orient !) L'épisode du piège lors de la course poursuite en auto n'est pas non plus très crédible.


Hergé s'inscrit donc toujours dans la même veine pas très réaliste, qui marche bien avec les enfants, un peu moins avec les adultes, comme quand Tintin, afin de franchir un mur de plus de quatre mètres de haut, rebondit sur le ventre d'un gars, s'en servant de trampoline. Ce n'est pas crédible pour un sou, mais au moins, c'est amusant.


Hergé en fait aussi un peu trop quant à la notoriété du jeune détective qui à un moment ne doit la vie sauve qu'à un Cheik fan de ses reportages ! Mais là aussi, il compense un peu cette faiblesse du scenario par de l'humour : « un bien chic Sheik ». Humour présent tout au long de l'album, notamment avec les impayables Dupondt.


Ceci étant dit, en dépit des réserves énoncées ci-dessus, on se doit de constater de très nets progrès par rapport aux albums précédents, ce qui a permis aux Cigares du pharaon de devenir un des meilleurs albums de la série, car en plus d'être dans l'ensemble pas trop niais, mais très sympa et drôle, il a le mérite de nous faire voyager dans le temps et l'espace (pharaons, maharadjah ; Egypte, Arabie, Inde).

socrate
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le 27 mai 2012

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