De toutes les histoires racistes, de toutes les femmes-objets, Conan entre dans celles-là

Dites voir, donc, vous saviez que les gens du passé étaient un peu... Racistes ?
Genre Jules Cesar, Charles De Gaulle, votre mamie, mon papy, Michael Jackson et bien sûr Robert E. Howard avaient des opinions sociales qui auraient fait scandale et jouir Eric Zemmour si ils les avaient exprimé sur un plateau télé de nos jours. Et personne ne veut faire plaisir à Eric Zemmour, croyez moi.
Or, ils se trouvent que certains de nos illustres ancêtres ont écrit des choses qu'on considère maintenant comme des classiques, dont on fait désormais des BD. Et certaines de ces histoires intemporelles sont, justement, sacrément datées.
Genre celle-ci, par exemple, où Conan le barbare fier et libre s'arrête dans une ville rappelant Bassora, où il apprend que les esclaves venus du Darfar (Howard inventait les noms des lieux de son monde fictif en prenant activement ses lecteurs pour des cons) ont le droit de boulotter un ou deux couillons de temps en temps, pour apaiser leurs instincts cannibales. En même temps, dans une sous-intrigue qui n'a strictement rien à voir, il va aider une femme passant l'album à poil à retrouver un McGuffin en échange d'une partie de jambes en l'air.
On l'aura compris, c'est pas exactement du Shakespeare Hugolien. Trois observations s'imposent alors au lecteur vaguement mal à l'aise de tenir ce livre dans un lieu public :


-Primo, pourquoi adapter cette histoire là en particulier ? On l'a vu, le pitch est à la fois maigre et confus, les personnages moins épais que les biceps de Conan, il n'y a pas vraiment de défi graphique, il y a plein de meilleures histoires du cimmérien (la Tour de l'Elephant n'a toujours pas été mise en cases, par exemple), et puis, ah oui c'est vrai, c'est un petit peu beaucoup dans le sens vraiment putain de raciste.
-Deuzio, l'auteur, l'éditeur, l'imprimeur, mon libraire, la déesse de la décence, personne n'a apparemment tiqué un tant soit peu devant le point précédent. Conan peut balancer du "chiens noirs" comme si demain n'existait pas, ça leur en touche une sans faire bouger l'autre. La lust-interest de Conan peut se balader nue dans les rues parce qu'il n'y a pas le temps de s'habiller, eh ben c'est comme ça. Cette histoire médiocre écrite pour payer les fins de mois peut être franchement l'une des pires que Howard ait écrite, elle aura quand même sa version illustrée !
-Troizio, c'est assez dommage. Parce que malgré cette immonde couverture, le dessin est franchement pas mal, y a des idées dans le design oriental des habitants de la ville, et l'histoire de la nana mystère qui cherche un bidule pour sauver son copain a les prémices d'une meilleur intrigue qu'elle ne l'est.


Alors oui, je sais, encore un paladin de la justice sociale venu nous dire que c'est pas bien d'être raciste. Mais... Bon bah oui déjà, le racisme c'est caca, mais cette critique a une autre motivation : celle de poser la question de l'adaptation. Je ne suis pas nécessairement pour gommer les aspects embarrassants d'une oeuvre datant de presque un siècle. Par contre, je pense qu'on gagnerait peut être à les traiter de façons plus maligne plutôt qu'à les recopier bêtement. Que ce soit arrondir les angles, introduire des éléments de nuance, ou juste traiter le sujet avec un peu de finesse, il y a beaucoup de possibilités. D'autant plus quand ces éléments handicapent une histoire non seulement sur son plan moral, mais aussi narratif.
Après, je dois avouer être malgré moi assez impressionné que l'auteur de la BD n'en ait juste rien eu à foutre de la bienséance. C'est juste qu'une histoire bien assise a moins de chance de traîner par terre la face dans son vomi.

Kevan
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le 26 mai 2020

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