Larcenet fait des efforts, ce second tome est meilleur que le premier. Mais j'ai tout de même du mal à retrouver le plaisir que j'ai eu en découvrant cet album la première fois.


Le scénario est plus structuré ; la raison est simple, il donne un objectif principal à son héros (faire son expo photo) ce qui permet au lecteur de se projeter dans l'avenir, d'avoir des attentes. Malheureusement, les conflits sont assez mous et plutôt que de présenter des situations intéressantes ET de les exploiter convenablement, Larcenet préfère, une fois de plus, nous parler de sa vision philosophique des choses. C'est fou comme ce type est cloche. Un type qui dit avoir eu besoin d'une psychanalyse pour pouvoir dissocier un artiste et son oeuvre, ça me fait un peu mal au cœur, surtout quand il s'agit d'un artiste. M'enfin soit, chacun ses convictions, ce qui gêne c'est de les étaler comme ça au fil des pages, d'amener son savoir comme s'il s'agissait d'une vérité morale absolue ; je veux dire, forcément un artiste va faire parler ses convictions au travers d'une histoire, mais les meilleurs récits sont ceux où ces fameuses convictions sont mises en scène ! Ici, Larcenet se contente de les dire et à cause de ça son personnage semble avoir ses petites révélations bien à lui mais sans pour autant vivre quoi que ce soit qui puisse réellement le faire changer. D'ailleurs, le fait qu'il soit maintenant d'accord pour avoir un gosse vient de nulle part. Quant à la compassion bien trop appuyée envers le prolo, c'est un peu écœurant. Il n'y a rien qui tient derrière ça. J'ai aimé des histoires où le prolo est mis en avant, où il apparaît noble, mais c'est parce que l'auteur le mettait dans une situation périlleuse, où on le voyait combattre le méchant patron, avec des conflits bien amenés, bien exploités. Ici, il s'agit d'un compassion purement gratuite : dire que les ouvriers sont bien plus beaux que les riches entrepreneurs, ça n'a pas de sens en soi, c'est réduire la personne à son métier, et c'est manquer d'un grand sens de la nuance...


Graphiquement aussi c'est mieux. Les cases sont un peu plus remplies, les décors plus riches, les personnages mieux dessinés. Il reste des problèmes de canon au niveau des gonzesses, quelques idées moches (la rave party), des idées bien trop répétées (le coup du bateau, ça ne raconte plus rien, c'est devenu un artifice lourd et pénible), mais globalement c'est mieux. Les tics du dessinateur au niveau de la mise en scène paraissent ici encore agréables, bien exploités, pertinents (lorsqu'il noircit la moitié du visage, pour faire plus dramatique). La mise en page souffre toujours de ces caniveaux trop importants. La couleurs n'est pas géniale, mais elle n'encombre jamais la lisibilité, c'est déjà ça de pris.


Niveau humour, ben c'est assez pauvre. Au moins, Larcenet a arrêté ses gags en strip qu'il a bien trop souvent répétés. Mais pour le reste, on rit peu. Et pour cause : le bougre s'enfonce dans le registre dramatique. Sauf qu'il le fait avec lourdeur et que, franchement, ça manque furieusement d'une bonne tranche de rigolade histoire de rendre son récit moins nunuche. C'est un peu ça le problème de Larcenet, il se prend un peu trop au sérieux, on dirait qu'il veut faire l'oeuvre la plus bouleversante du monde, comme si on ne pouvait associer beauté du prolo et comique de situation.


Bref, si ce tome 2 est moins désastreux que le premier, il reste tout de même assez peu enthousiasmant principalement à cause d'un récit trop fade. Dommage.

Fatpooper
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le 17 avr. 2016

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Fatpooper

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