Voilà un album de l'après-Jacobs qui ne se tape pas particulièrement une bonne réputation, mais, sans être parfait, je trouve qu'après deux opus clairement décevants, on remonte le niveau avec une aventure divertissante, pratiquement sans temps morts et qui propose des choses nouvelles. C'est ça l'esprit Jacobs, se renouveler, essayer d'aller vers de l'inédit.
Bon, je vais passer rapidement sur les défauts, à savoir des destructions apocalyptiques lors de la préparation de l'Exposition universelle de 1958 à Bruxelles qui n'ont pas l'air de provoquer des réactions de panique particulières et un traître qui, à la fin du premier tome (oui, l'ensemble s'étend sur deux BD !), balance toutes les infos facilement, trop facilement pour que cela ne sente pas la facilité scénaristique à des kilomètres.
Autrement, je n'ai rien à reprocher, qu'à faire des compliments.
Déjà le retour d'Ahmed Nasir, que l'on avait bizarrement pas revu depuis La Marque jaune, alors qu'il avait eu pourtant un rôle important dans Le Secret de l'Espadon et Le Mystère de la grande pyramide, et celui du professeur Labrousse de S.O.S. Météores ne sont pas juste là pour faire fan service (contrairement à celui de Basam-Damdu dans L’Étrange Rendez-vous !), car ces personnages sont réellement bien intégrés dans l'intrigue, ont une réelle utilité pour la faire avancer.
Ensuite raconter la jeunesse de Mortimer (portant un pantalon de golf, un clin d’œil à Tintin ?), sa rencontre avec Blake, avec un caméo de Gandhi lui-même, une histoire d'amour interracial (ce qui pour le coup l'éloigne d'un Tintin ne semblant pas avoir de sexualité !), je prends. Cela donne une autre dimension à ce personnage, insuffle une profondeur à ce qui n'aurait été autrement qu'un enchaînement de rebondissements efficace dans le présent.
D'ailleurs, je suis forcé de reconnaître que je n'avais pas vu venir bien à l'avance la véritable identité de l'empereur Açoka du présent, pensant que c'était tout simplement l'ami d'enfance de Mortimer, Sushil. Je ne l'avais compris que quelques cases avant le dévoilement du visage. Ce qui est une exception, car d'habitude, j'arrive à voir sans mal les rebondissements venir, genre j'avais compris qu'Ahmed avait réussi à prendre la place de Badju Singh avant son arrivée en Antarctique.
Pour ce qui est du colonel, ce cher et increvable Olrik, bon allez une petite rincée de reproche, il est complètement dans la position du manipulé (excepté que cette fois, il en est conscient !) qu'il avait déjà eu dans La Marque jaune. Cela fait un peu trop redite pour que l'on puisse passer à côté. Par contre, j'ai adoré le fait qu'il devienne, par la force des choses, un allié momentané de Mortimer.
Globalement, je trouve que Les Sarcophages du 6e continent est un assez bon cru de l'ère post-Jacobs, enfin disons que, L'Affaire Francis Blake à part, il est légèrement au-dessus des post-Jacobs précédents.