C'est l'histoire de la vie, le cycle éternel

Basé sur une histoire vraie, j'avais des attentes et curiosités à propos de Pride of Bagdad. Une appréhension, bd sans bulles ou presque ? et donc une curiosité, comment va faire le scénariste ? Y'a-t-il souvent des humains pour alimenter la bd en dialogues ? Car les bd sans dialogues, même longues, je trouve que ça manque d'impact.


Bon en feuilletant rapidement la bd, le scénariste a opté pour la facilité ; les animaux parlent. Un raid aérien détruit le zoo où ils sont captifs, et les voilà dans la rue. Si basé sur une histoire vraie, le pitch est quand même mensonger car c'est traité comme une fable, un Walt Disney en quelque sorte, sans les chansons et les gags, avec des passages durs, mais avec un fond de naïveté.


Du coup, les animaux ayant des réflexions plutôt humaines, la bd se lit de manière sympathique, agréable, mais elle perd la portée que je lui imaginais. Pas assez humains pour trouver écho avec la situation, et trop pour être vus comme des animaux, la bd choisit un entre-deux timide et peu convaincant ; par exemple la vieille lionne qui se sentait en sécurité au zoo, non. Les animaux dépriment lorsqu'ils sont enfermés.


Je me suis tout de même laissé charmer par le dessin aux couleurs chaudes et une lecture aisée, jusqu'au moment où la fable maladroite rejoint la réalité historique ; en quelques pages, ces lions trop et pas assez humains sont devenus des personnages, des compagnons dans un monde chaotique qu'ils comprennent mal, dont on partage la découverte, les déconvenues. Et comme, au final, ce ne sont que des animaux, on espère qu'ils vont s'en sortir. Le scénariste, dans les dernières pages, vise juste, et le parcours choisit, même s'il n'est pas forcément le plus pertinent, arrive à charrier l'essentiel, à porter cette histoire jusqu'à atteindre l'universel.


Màj ;


À la relecture, la fin arrive très vite, et l'aventure semble encore plus naïve. Passé le sentiment de découverte, je réalise que toute la force de la bd repose sur ses dernières pages.


Il y avait sûrement plus pertinent à faire que ces réflexions faussement profondes sur la condition animale, mais lorsque la réalité refait surface, lorsque les dialogues deviennent accessoires, lorsque le dégoût se mêle à l'incompréhension, lorsque les faits sont là et qu'on n'a aucune prise sur eux, qu'on ne peut blâmer personne car chacun est pris dans une situation qui le dépasse, cette bd touche à la grandeur.

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le 2 août 2016

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