Keaton est un homme pétri de talents : professeur d'archéologie, ancien soldat des services spéciaux anglais et détective enquêtent sur des problèmes d'assurance, il a une vie très mouvementée, et le moins qu'on puisse dire, c'est que ses aventures sont assez variées. Entre les chapitres 100% "policier", ceux qui mettent plutôt l'accent sur l'Antiquité et sur les vestiges ou ceux qui traitent plutôt de combats et de meurtres, Urasawa a réussi à créer un héros qui peut vivre de multiples types d'aventure. Et c'est aussi là que le bât blesse : Keaton semble au final trop parfait, trop talentueux, trop ... lisse ? Là où un James Bond peut être amusant de par son côté machiste, ses petites blagues et sa classe naturelle, Keaton est toujours gentil, ne provoque jamais, résout de graves problèmes, mais sans susciter vraiment d'émerveillements. En deux mots : un personnage plat.
Et le découpage en chapitres quasiment indépendants les uns des autres ne permet pas de vraiment s'attacher à l'histoire globale du personnage, puisque tout est très décousu et qu'on n'a pas vraiment l'impression qu'il existe au fond une histoire générale. On suit surtout les différentes petites missions ou sessions de vie de Keaton, et ce sans déplaisir, mais sans véritable passion non plus. Dommage, parce que ce format prive le manga des deux qualités principales des oeuvres d'Urasawa : le traitement des personnages secondaires et la gestion de la narration.
Master Keaton est l'une des premières oeuvres de Naoki Urasawa, et ça se ressent : les traits sont plus grossiers, les intrigues plutôt bien gérées, mais avec beaucoup moins d'envergure et les personnages sont assez inintéressants. Loin d'être un mauvais manga, il reste une oeuvre plaisante, mais pas vraiment transcendante. Dommage.