Je ne savais pas qu'Andrevon avait écrit des scenarios de bande dessinée, voilà qui est intrigant. Il est associé ici à une certaine Veronik. Leur récit est paru dans Circus. C'est un récit pacifiste, qui se déroule dans un futur indéterminé, mais qui fait incontestablement penser à la guerre d'Algérie, même si ce sont les Européens qui se battent en Afrique du Nord et qu'il s'agit surtout d'une guerre pour le pétrole. L'ensemble est bien mené, tant au niveau de l'écriture, ce qui est appréciable aussi en bande dessinée, qu'au niveau du dessin, particulier, dans un style qui n'est pas de ceux que je préfère mais que l'on peut considérer comme réussi et adapté à la question.
Le récit est engagé dans le sens où le personnage principal est un "partant", immiscé sans le vouloir dans un conflit qui lui révélera les horreurs de la guerre et ses absurdités. Pour aider les partants à accepter leur mission, on leur propose une débauche de sexe, la veille du départ, mais aussi sur place avec les bordels de campagne, ou les filles locales faites prisonnières et qu'on utilise pour se soulager. Le viol qui n'est pas qu'une arme de guerre...
Notre héros qui n'en est d'ailleurs pas vraiment un refuse certaines compromissions, et l'aventure va le mener dans le camp d'en face, où il comprendra la vanité de l'engagement et du sacrifice. C'est un peu ce que l'on peut reprocher à Andrevon : on le suit dans sa dénonciation de la guerre, mais un peu moins quand il semble dénoncer le jusqu’au boutisme de certains. Même si je m'oppose à toute sorte de violence, je trouve ça beau de risquer sa vie pour des idées, même si Andrevon reprend de justes critiques de Brassens dans Mourir pour des idées.
Bref, l'album se lit bien même s'il ne fait pas preuve d'une grande originalité. On n'est pas mécontent à l'issue de la lecture, mais on n'en gardera pas non plus un souvenir impérissable, soyons honnêtes. Il y a un second tome, il se trouve que je l'ai, je vous dirai ce que ça donne.