Maus est une bande dessinée publiée en 1998 par Art Spiegelman. On suit le père de Art, Vladek, Juif polonais pendant la deuxième guerre mondiale. Il raconte à son fils ce qu’il a vécu de 1930 à 1945. Dès le début de l’antisémitisme nazi, Vladek trouve des combines pour faire du commerce et rapporter un peu d’argent à sa femme, Anja, qui survivra à Auschwitz, et à son premier fils, Richieu, qui mourra.
On découvre le quotidien de Vladek, malin, doué et débrouillard. Par exemple, comme il maîtrise l’anglais, il sera choisi par un kapo pour lui donner des cours (comme les Américains vont bientôt arriver, il veut assurer ses arrières) en échange de quoi il lui donne de la nourriture et l’aide à ne pas être choisi à l’appel. Art dépeint la relation entre sa mère, qui était à Birkenau et son père, à Auschwitz. Mais aussi la cruauté des kapos, la faim, le travail, le froid, la maladie, et le désespoir.
Maus est une bédé extraordinaire, de par son dessin et son scénario. Les Juifs sont représentés comme des souris, les kapos comme des cochons et les nazis comme des chats. Cette métaphore est parfaitement maîtrisée. Du côté du scénario, nous lisons le récit du père au fils, qui ensuite le met en dessin. Nous voyons donc les traces qu’Auschwitz a laissées sur le père qui devient maniaque, réutilise dix fois ses sachets de thé et craint tout le monde. Mais il y a aussi la partie immergée de ce traumatisme, comme les journaux que sa femme tenait et qu’il a brûlés.
Il y a aussi les questions du fils - comment essayer de comprendre cette horreur, comment ne pas critiquer son père alors qu’il est insupportable ? – pour n’en citer qu’un échantillon.
Pour conclure, cette œuvre permet une approche artistique et horrible de ce qu’ont vécu les Juifs sous le nazisme. A lire absolument, pour tenter de comprendre une infime partie de l’horreur qui s’est passée en s’approchant au plus près des gens.
Coccinelle solitaire