La souris résistante née pour fuir le chat vorace

« Maus », une œuvre d’Art Spiegelman, raconte la vie de son propre père, Vladek Spiegelman, rescapé juif des camps nazis. L’histoire se déroule en deux temps : les années 30 aux portes d’Auschwitz ainsi que les années 70 sur les boulevards New Yorkais. On trouve une mise en abyme avec la double survie : celle du père, mais aussi celle du fils, qui se débat pour survivre à son père, lui-même survivant des camps de concentration. Dans le monde de Spiegelman, les Juifs sont identifiables par leur apparence de souris et les Nazis de chat. On retrouve là, la petite souris face au grand chat, la personnification est toute faite et fonctionne habilement.

Au cours de l’histoire, Artie, écrivain de profession, veut essayer de renouer les liens avec son père et, pour se faire, décide de raconter l’histoire du survivant, rescapé juif. Le binôme des Spiegelman nous plonge entièrement dans cette Pologne où l’antisémite faisait fureur. Vladek nous livre un récit puissant et frappant désignant son quotidien. Il touche plusieurs sujets qui vont de ses amourettes, de sa vie aisée à sa vie de vagabond des bunkers et des ghettos juifs ou encore des moments historiques tels que l’appel du 12 août au stade de Dienst, sa convocation dans l’armée au front, sa vie à Auschwitz ou encore sa tentative d’évasion grâce aux passeurs.

Le point qui m’a le plus touchée : la fuite constante et interminable que nous livrent les deux temps de l’histoire. Celle de Vladek, la souris juive, qui se fait sans cesse traquer par l’obsession du chat nazi qui lui trace le chemin de la chambre à gaz. Mais également la fuite impossible de Artie face à son père, très oppressant. A chaque rencontre, ces deux derniers se brouillent, et Artie part en fuyant son père mais se rend compte qu’il tient à lui, même s’il est devenu un vieux gâteux.

Un dernier mot sur l’histoire touchante et frappante de Maus qui nous emmène dans cette triste réalité envisagée par des souris, des chats et d’autres animaux. Cette narration métaphorique nous emporte bien au delà du réel à l’aide de Vladek Spiegelman qui nous livre un récit plus vrai que nature face à la voracité du régime nazi.

Cerf Eclopé