Mémoire morte
7.3
Mémoire morte

BD franco-belge de Marc-Antoine Mathieu (2000)

Marc Antoine Mathieu aime développer des univers absurdes, presque kafkaïens.
Il aime également explorer l'art BDesque, le triturer, s'amuser avec ses limites pour créer un genre nouveau.
L'excellente série "Julius Corentin Acquefacques" montrait déjà sa propension à jouer avec les codes, de la société comme de l'art.
En 5 tomes, il avait créé un univers consistant et distrayant, complété de mises en abîme.

Mémoire morte, sortie un an après la série, se passe à nouveau dans un univers urbain un peu fou, où la ville s'étend sans discontinuer sans que l'on ne sache plus s'il elle possède réellement des limites.
Son administration archaïque doit faire face à une forme de protestation silencieuse et incontrôlable : exploitant une incongruité législative, des anonymes construisent chaque nuit des murs séparant les quartiers pourtant si bien ordonnés. Pendant que l'on investigue et que les murs poussent toujours plus nombreux, la ville semble frappée d'amnésie galopante. Plus on construit de murs, plus on perd la mémoire...

La métaphore informatique de cette BD n'échappe à personne et on pourra y trouver moult sources de réflexion sur nos sociétés modernes où le virtuel prend le pas sur le réel et où il devient plus facile de communiquer avec ses voisins par les réseaux plutôt que de visu. On pourra apprécier le style si particulier de M.A. Mathieu, ces clairs-obscurs puissants, ces trais forts, ce noir devenu matière. On pourra se délecter de l'absurde de la situation.

Mais en ce qui me concerne, je me suis plutôt ennuyée à la lecture de cet ouvrage que j'ai trouvé trop superficiel.
Le sujet aurait gagné à être traité en profondeur, en évitant par exemple la trop évidente rencontre entre le "héros" et l"unité centrale qui régule la ville.

Marc-Antoine Mathieu n'a fait ici qu'esquisser la peinture d'une société où la communication est dévoyée alors qu'il aurait pu la développer d'avantage.
Comme s'il avait cédé à la facilité.
Nathayla
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Moi-Je, moi-je, moi-je... en BDs ! Cru 2012

Créée

le 11 mai 2012

Critique lue 729 fois

6 j'aime

4 commentaires

Nathayla

Écrit par

Critique lue 729 fois

6
4

D'autres avis sur Mémoire morte

Mémoire morte
Nathayla
5

Critique de Mémoire morte par Nathayla

Marc Antoine Mathieu aime développer des univers absurdes, presque kafkaïens. Il aime également explorer l'art BDesque, le triturer, s'amuser avec ses limites pour créer un genre...

le 11 mai 2012

6 j'aime

4

Mémoire morte
Alcofribas
8

Rom à l’envers ça fait Mor

J’ignore si ça signifie quelque chose, mais au moment où j’écris ces lignes, Mémoire morte a presque dix-neuf ans. Si l’on admet que les récits d’anticipation, et plus précisément, comme ici, de...

le 8 janv. 2019

4 j'aime

Mémoire morte
khorsabad
10

Le langage perdu

Dans une ville-ordinateur, des murs apparaissent partout, coupant les rues, isolant des bâtiments, s’accompagnant d’une difficulté croissante d’élocution des humains qui cherchent leurs mots. Le...

le 2 févr. 2014

3 j'aime

1

Du même critique

Métaphysique des tubes
Nathayla
2

Pléonastique (et tac)

Au commencement était le Verbe. Au commencement étaient les Mots. Mais certains Mots n'avaient pas de sens puisque personne ne s'en servait jamais. Depuis qu'ils avaient quitté le cerveau poussiéreux...

le 11 janv. 2012

21 j'aime

4

Le Clan de l'ours des Cavernes
Nathayla
9

Inavouable (ou presque...)

Oserais-je l'avouer ? Oserais-je avouer que je les ai tous lus, presque tous relus, voire re-relus... Allez, je me lance, je ne peux continuer à vivre avec ça sur la conscience... Oui, je suis une...

le 23 janv. 2012

19 j'aime

12

Matin brun
Nathayla
8

Critique de Matin brun par Nathayla

Matin Brun. Fruit du « 21 avril » (« hein ?! mais qu'est-ce qui s'est passé le 21 avril ? C'était pas plutôt le 11 septembre ?... si, si, on m'a déjà fait le coup, l'Homme oublie vite), ce petit...

le 28 nov. 2011

14 j'aime