L'underground voluptueux.

Ceux qui connaissent un minimum cet ovnis du 9ème art ne peuvent nier le penchant de Crumb pour les femmes toutes en rondeurs qui nourrissent ses strips. Dans « Mes problèmes avec les femmes », il réunira plusieurs planches datant de 1965 à 1999 où il nous livre ouvertement toutes ses relations aux femmes et ses perversions.
Il s’arrêtera sur plusieurs moments clés dans sa libération sexuelle en partant de son éveil à l’adolescence et du début de ses fantasmes sur les femmes callipyges jusqu’à sa stabilisation aux cotés de son épouse actuelle.

Il va nous faire partager ses difficultés, ses souvenirs (plus ou moins avouables), sa mysogynie et ses frustrations de manière décomplexé, complètement désaxé mais toujours avec humour et autodérision. Chétif, renfermé et issu d’une famille moderne un peu pieuse, R.Crumb n’est pas aidé pour aller vers les femmes. Il va nous montrer comment il essaye de faire face aux rejets en se protégeant grâce au dédain et en se persuadant qu’il est au dessus tout ça et comment il va trouver dans la bande dessiné un vrai refuge.

C’est que Monsieur Crumb a des désirs qui lui semblent anormaux et qu’il dit assumer peu... Certaines scènes sont presque gênantes et nous donne l’impression qu’on s’aventure beaucoup trop intimement dans ses fantasmes et ses mal-êtres. Pourtant, on se surprend à en demander plus, poussé par une curiosité morbide qu’on ne se connaissait pas.
Je suis restée plutôt scotché devant son culot de nous exposer tout ça. Et c’est précisément à ce moment que je comprends le sens de « BD underground » et que je tiens dans mes mains un exemplaire type.

Un peu provocateur et complètement contre culture, on sent l’auteur bien solidement enraciné dans sa culture sixties-seventies. Il s’attaque à la société moderne et surtout au rêve américain. Il présente ses conquêtes comme des objets de consommation, des pièces d’une collection dont il est particulièrement fier. Il dit les choses telle qu’elles sont, chassant à grands coups de crayon, la moindre parcelle d’hypocrisie.