Mob Psycho 100
7.4
Mob Psycho 100

Manga de ONE (2012)

BOOOOOOOooooooon ça va faire plus d'un an maintenant que j'ai rien posté sur sens critique...


Et puisque j'ai passé les 12 derniers mois à écouter des compilations de "bruit de pluie sur fenêtre" pendant plusieurs heures d'affilée je pense avoir donné largement assez de temps à mon cerveau pour être sujet à une épiphanie.


DONC, vous vous doutez bien que si j'ai décidé de revenir en ce jour c'est que je dois avoir quelque chose de vraiment d'incroyable à proposer, n'est-ce pas ?


Alors de quoi peut-il bien s'agir ?


1-La solution au conflit israélo-palestinien ?


2- La raison pour laquelle des gens mange du yaourt nature, NATURE !


3-Le tragique parcours qui a conduit le ranger bleu à s'investir dans l'industrie du porno gay ?!


Malheureusement rien de tout cela et j'ai bien peur que ces questions ne doivent encore rester sans réponse un certain temps ou au moins jusqu'à la sortie de la prochaine "ULTIMATE DANK MEMES COMPILATION" qui j'en suis convaincu nous éloignent chaque jour un peu plus de dieu quelle que soit sa forme et quel que soit son Main à Smash Bros.


Bien, les quelques points obscurs qui entouraient jusqu’alors cette critique ayant été clarifié je pense, que l'on pense, que l'on va, que je vais pouvoir rentrer dans le vif du sujet !


...


Non c'est vrai je vous assure j'ai acquis une certaine expérience dans le domaine de la critique... Et du coups je me sens investi de la responsabilité de produire des écrits de qualité...


...


Bon allez, ça suffit la mise en scène, aujourd'hui on parle avec un professionnalisme relatif mais un enthousiasme certain d'une des meilleures œuvres du 21ème siècle :



Mob Psycho 100



Comme beaucoup de monde je pense avoir été introduit à l’œuvre de ONE par l’adaptation du studio Bones sortie en 2016.


Un anime qui débarquait un peu moins d'un an après la fabuleuse adaptation de One Punch Man, du même auteur, et qui laissait certains dubitatifs sur les capacités dudit studio à pouvoir tenir la comparaison. Inutile de préciser ceci à ceux l'ayant déjà vue mais... Elle l'a PUTAIN DE BIEN TENUE !!!.


Mieux encore le studio Bones qui a largement gagné les faveurs des fans de Japanime ces dernières années, notamment grâce à leur travail sur l'anime de Boku no Hero Academia, a réellement su se surpassé avec dans les mains ce projet singulier.


Le jeune directeur Yuzuru Tachikawa s'inspirant, en partie, de la démarche de Mad House pour son adaptation de One Punch Man s'entoura d'une véritable dream team, faisant appel aussi bien à des animateurs en freelance de grands talents (le grand Yutaka Nakamura !) qu'à des anciens du studio Bones, faisant coucou à la "légende" Kenji Kawai pour la composition et faisant confiance à Yoshimichi Kameda pour le chara design qui avait lui-même déjà bossé sur One Punch Man à l'époque comme quoi on pourrait presque dire que les projets de talent attirent les talents.


Chara design qui au passage est à mes yeux tellement parfait qu'il constitue à lui seul une raison valable de se plonger dans l'univers de Mob Psycho et à vivre l'expérience qu'il vous propose. À la fois magnifique et chaotique, extravagant et respectueux, soutenu par l'usage de surprenante technique graphique, comme la peinture sur verre pour ne citer qu'elle, l'anime aura réussi à merveille à sublimer le style déjà particulièrement atypique du manga qu'il adapte sans pour autant lui retirer ses qualités intrinsèques.


Et justement le manga dans tout ça ?


Parce que c'est quand même un peu censé être lui la vedette de cette critique malgré le fait que l'imbécile qui écrit ces lignes ne peut s'empêcher de vouloir s'accrocher à une fausse impression d'exhaustivité.


Et bien justement après avoir vu cette adaptation hypnotisante, qui je l’espère restera dans les mémoires de beaucoup comme l'un des meilleurs anime de ces 10 dernières années, je me suis dit qu'une œuvre au personnage et à l'histoire aussi intéressante le serait peu importe son support.


Du coup lorsque le manga a été licencié par Kurokawa, dans la foulée du succès de One Punch Man, je n'ai pas pu m'empêcher d'effectuer mon célèbre développé couché sur charbon ardent pour exprimer ma joie.


En gros, j'étais plus que ravie.


Et plus j'avançais dans ma lecture plus je trouvais de raison de l'être.



Partie 1 ; Histoire et thématique ; Le commencement ou Pourquoi je ne ris pas



Ayant à l'heure actuelle fini la lecture des 7 premiers tome sortie en France, la fantasmagorique saison 2 venant tout juste d'être annoncé pour janvier, je me suis dit qu'il était grand temps que j'arrête de refréner mes désirs, tel un fétichiste des pieds un dimanche d'été à la plage, et que je me décide enfin à dire, ou plutôt à essayer de dire, tout le bien que je pense de Mob Psycho depuis notre première rencontre.


Tout d'abord son Mangaka, ONE, m'a très rapidement été sympathique. Jeune homme au parcours difficile s'étant plusieurs fois retrouvé à peser le pour et le contre entre poursuivre son rêve d'enfant de devenir Mangaka et la plus sécurisante perspective d'une situation économique stable mais peu gratifiante. L'on sent bien que ses craintes et ses envies se reflètent à un niveau assez intime à travers ses œuvres surtout dans Mob Psycho qui a, entre autres, pour ambitieux projet de suivre l'apprentissage de la vie de son personnage principal.


Ceci étant dit je trouve la pureté et l’honnêteté qui se dégage de ces histoires et le parcours qui a mené à leur création particulièrement inspirant.


Cette justesse dans l'expression des sentiments trouve dans le ton unique des œuvres de ONE un partenaire idéal qui a l'aide de personnage au caractère baroque vont servir de base à des univers aux enjeux profondément uniques.


Mob Psycho plus encore que One Punch Man insistera d'ailleurs de façon tantôt subtile tantôt dramatique sur l'évolution psychologique de ses personnages (même si pour être honnête One Punch Man fait aussi ça de façon assez brillante avec des personnages comme Kamen Rider).


Les premiers arcs du manga étant un parfait exemple de cela. Se concentrant sur le milieu étudiant dans lequel évolue Mob la plupart du temps, ils brassent un nombre de thèmes impressionnant lié aux différente angoisses ou envie de notre protagoniste et de ceux qu'il rencontre : le poids des responsabilités, le regard d'autrui, ce qui fait ce que l'on est, qu'est-ce que la victoire, qu'est-ce que la défaite... Ceux-ci n'étant jamais traitée de façon superficielle ou naïve préférant bien souvent offrir des réflexions sur le long terme que se contenter d'une réponse en apparence définitive mais incomplète que choisissent en général les œuvres pour adolescents afin d'éviter de donner mal au crâne à leur public.


Dans l'arc du culte de Smile par exemple, Mob subit des pressions extérieures et doute du comportement qu'il doit adopter pour atteindre ses propres objectifs dans un milieu qui par ses règles inflexibles le prive peu à peu de son individualité. Plus grave encore il craint de disparaitre sans vraiment réussir à mettre le doigt sur ce qui le rend unique.


Sa victoire sur Smile va lui permettre accidentellement de faire le premier pas vers la personne qu'il souhaite devenir. Symboliquement en exorcisant son adversaire il exorcise aussi ses propres peurs. Au fond il ne veut être ni un dieu adulé ni un suiveur et comprend à l'aide de Reigen que la fausseté et la dépendance qui mène à l'oubli de soi ne sont pas des façons épanouissantes de s'intégrer.


Mob veut être Shigeo Kageyama, il veut être lui-même mais il veut aussi être fier de qui il est et en vainquant Smile il va donc, plus ou moins consciencieusement, cultivé sa différence en affirmant ses propres choix comme il avait déjà commencé à le faire un peu plus tôt en s'inscrivant au club de culturisme.


Qu'elle lui soit hostile ou amicale Mob arrivera presque toujours à tirer une certaine expérience des situations qui l'oblige à se positionner.


Lors d'une prise de bec entre étudiants à première vue commune il fera la rencontre de Tokugawa, sans lien particulier avec lui ce dernier sera malgré tout la première personne à inciter Mob à faire ses propres choix.


À l’extrême opposé en terme "d’échelle", le duel ultra-violent entre lui et Teruki prouvera à Mob que les conséquences d'un échec terrifiant peuvent avoir des retomber positives sur le long terme, sans pour autant effacer la souffrance et la honte liée audit échec.


Je ne vais pas trop m'étendre dans cette critique sur le duel en question afin de ne pas trop en dévoiler mais je dirais au moins ceci :


Il s'agit sans le moindre doute d'un des affrontements les plus beaux et déchirants auxquels j'ai pu assister depuis que je suis passionné de manga. Une noirceur insondable capturée par des visuels prégnants qui débouche sur un véritable cataclysme émotionnel qui dit bien des choses mais surtout laisse sans voix. Vraiment, un très grand moment.


Je n'en ai pas encore totalement fini avec le récit et ses thématiques auquel je réserve une dernière partie assez "chargé" en réflexion mais du coup histoire de faire un break je vous propose de poursuivre cette critique en traitant de deux points tout aussi importants et moins susceptibles de déboucher sur une envolée lyrique offensante pour nos narratologue en herbe :


La narration et le graphisme.



Narration ou L'étrange banalité



"À histoire particulière, narration particulière."


Voilà une assertion plutôt bancale mais qui aura au moins le mérite de s'avérer exact dans notre cas.


Car la narration de Mob Psycho se veut en effet, elle aussi, particulière.


Fédéré par le fameux concept du "pourcentage de stress" accumulé par Mob elle doit toujours faire preuve d'innovation pour "tromper" et surprendre le lecteur qui apprend rapidement d’expérience qu'une fois les 100 % atteint il va assister à quelque chose de spectaculaire et signifiant.


Cette sorte d’ultimatum propice à l'inventivité que "s'impose" le récit à lui-même pourrait être aussi rapproché de la fameuse "victoire en un coup" de Saitama dans One Punch Man qui va lui aussi jouer avec les attentes, cependant dans le cas de Mob les problématiques étant plus intériorisées leur résolution s'avéreront souvent elles aussi plus complexes.


Au-delà de cela la construction narrative des différents arcs n'a peut-être rien de révolutionnaire mais reste sacrément solide. Les foreshadowing sont toujours avancés de façon logique en plus d'être suffisamment intriguant sans trop en dévoiler et leurs conséquences sont toujours impactante et bénéfique à l'évolution du récit tout particulièrement quand il est question de revoir les ambitions à la hausse comme par exemple avec le teasing de l'apparition de Koyama.


Ne délaissant son rythme tranquille qu'à de rares occasions Mob Psycho voit s'enchainer divers événement, généralement intelligemment connecté les uns aux autres, qui vont de façon naturelle et (presque toujours) fluide nous invités à suivre au côté de Mob et de ceux qu'il rencontre aussi bien les discussions les plus faussement banals que les moments les plus dramatiques.


Une narration qui au final colle bien à son histoire car elle ne délaisse aucune des deux surprenantes facettes qui rendent son personnage principal si intéressant, à savoir : sa (fausse) banalité et ses capacités hors normes.


Bon, passons maintenant au fameux deuxième point.



Le style visuel ou L'histoire du zombie au menton fendu comme un cul



Nous voilà arrivée à la partie la plus délicate.


Le style visuel de Mob Psycho fait régulièrement débat même parmi ses adeptes et je ne pense pas vraiment avoir besoin d'expliquer pourquoi.


Personnellement, je l'adore.


Ses expressions faciales imprévisible, son crayonnage chaotique mais si impactant, l'aspect "brouillon" mais hypnotisant de ses doubles pages, ses personnages au design improbable, et même son découpage qui expérimente parfois des choses absolument géniales.


Jouant de son style "simpliste" pour mieux surprendre avec de purs coups de folie Mob Psycho a à mes yeux réussi quelque chose de bien plus méritoire que d'avoir "l'air présentable", il a transformé ses défauts, ses limites et son inexpérience en un style à part entière qui mieux encore que de ne pas nuire à la compréhension de son histoire participe grandement à son identité.


Le manga en tant que médium est connu pour son incroyable expressivité et ONE l'a très bien compris.


Cependant, et je sais que ce n'est pas très Nekketsu dans l'âme que de partir battu d'avance, mais je ne suis pas naïf au point de croire que cette avalanche de compliment changera votre avis sur le style de Mob Psycho surtout s'il était jusque-là opposé au mien.


Alors au lieu de jouer les prédicateurs j'aimerais pour en finir avec cette partie tacler une critique bien plus discutable qui est faite à l’œuvre de ONE sur le plan visuel et cela à travers une courte anecdote :


Lorsque je débute un nouveau manga j'aime faire l'achat de son premier tome en magasin, faire la démarche d'aller à sa rencontre en quelque sorte, c'est une petite tradition que j'essaye tant bien que mal de maintenir ces dernières années.


Certains aiment déguster leur boîte de Crayola le samedi soir en famille, bref, chacun son truc.


Ayant évité les scan j'ai donc découvert le style visuel de ONE pour la première fois en librairie je m'attendais à quelque chose d'unique et je n'ai pas été déçu. Et pourtant, en observant les premiers visuels de ce tome 1 une image vibrante me revenait en tête par association, mais impossible de me rappeler sa provenance. Dans le même temps j’écoutais d'une oreille distraite la conversation de deux types discourant sur "l'évidente laideur" du nouveau manga de cet auteur qui filait de temps à autre un petit coup de main à Murata sur son manga One Punch Man.


Mais pour être honnête sur le moment ça ne me préoccupais pas tant que ça, j'étais surtout frustré de ne pas pouvoir mettre un nom sur cette image familière qui flottait devant mes yeux.


Cette image : la voici


Il y a quelques jours avant d'écrire ces lignes je me suis souvenue miraculeusement de son origine, mes longues heures d'écoute de "pluie battante" ont sans doute fini par payer.


Ce visuel est née de l'imagination du Mangaka Yoshiharu Tsuge et a été publié en 1968 pour le magazine expérimental Garo. Si ce nom vous est inconnu sachez qu'il s'agit d'un des Mangaka les plus important du mouvement Gekiga. Surtout prophète en son pays le bonhomme aura inspiré une bonne partie de la jeunesse de l'époque avec ses One Shot au style visuel et à la narration difficile à intégrer.


Screw Style dont est tirée la fameuse image est l'un de ses One Shot les plus cultes mêlant fascinante étrangeté et intimisme comme si ce dernier s'adresser directement à notre inconscient et devait ainsi être appréhendé autrement.


Bon, on va s'arrêter là car je crois que vous avez compris ou je veux en venir.


L'idée que l'on se fait de "bonne proportions" voir même les critères périssables du concept de beauté n'ont dans l'histoire du manga presque jamais était la seule condition sinequanone du succès d'estime d'une œuvre auprès de son public. Et j'aime à penser que généralement les œuvres qui ont su se faire une place dans l'imaginaire de cette culture y sont parvenus parce que l'originalité et la sincérité de leur démarche ont suffisamment étaient reconnu comme telle pour que cela arrive.


Cette dernière déclaration peut sembler idéaliste mais je la vois plutôt comme un vœu, un vœu qui je l’espère me donnera raison d'ici plusieurs années lorsque le moment sera venu pour Mob Psycho d'être jugé avec le recul nécessaire par cette culture dont il fait partie, je l’espère, sur la base de ses réelles et très nombreuses qualités.



Partie 2 ; Histoire et thématique ; L'arc de la Griffe ou Le bourgeonnement d'un chef-d’œuvre



Bon voilà, la partie deux promise est là et avec une petite confession.


Alors on finit son verre d’absinthe et on s'injecte sa dernière dose de dopamine,


PARCE QUE LÀ !!!


Ben, on enchaine quoi...


Donc j'ai dit au début de cette critique, à demi-mot, que le manga et l'anime de Mob Psycho avaient chacun leur intérêt, l'un ne supplantant pas l'autre...


Et c'est vrai.


Cependant c'était en omettant de mentionner le niveau DIVIN auquel ont été portés les combats durant l'arc de la Griffe et tout particulièrement pour son final.


Ouai du coup, en fait le truc c'est que... Les combats, en ce qui concerne le final, sont légèrement plus grandioses dans l'anime que dans le manga.


VOILA, JE l’AI DIT !


Après qu'on m'entende bien les combats dans le manga restent fantastiques et le cachet unique du style de ONE sur lequel je me suis déjà suffisamment épanché leur donne sans l'ombre d'un doute un attrait qui leur est exclusif.


Le combat entre Koyama et Mob est évidemment iconique peu importe le médium.


Passage d'une intensité électrisante il est aussi d'une importance capitale dans l'expansion de l'univers de l’œuvre. En effet il s'agit du premier affrontement entre notre "héros" et un adversaire qui est profondément antagoniste à tout ce qu'il tient à cœur.


Un ennemi qui veut le détruire avant tout pour le voir lui et ses proches souffrir et asseoir sa supériorité. Koyama apporte avec lui pour la première fois dans l'univers de Mob cette représentation du Mal avec un grand M qui nous apparaît ici sous sa forme la plus brutale et reconnaissable.


Et encore je n'ai parlé que du fight en lui-même mais ce qui gravite autour sur le plan thématique et bien évidemment tout aussi excellent mais, mais, mais, mais...
Mais, oh surprise, en parlant de thématique vous avez dû remarquer que ce terme est toujours inclus dans le titre de cette seconde partie.


Je vous invite donc à prendre un peu de hauteur et à réfléchir sur ce que l'arc de la Griffe a à nous apprendre à leur sujet.


Pour commencer je ne pense pas me tromper en affirmant que l'arc de la Griffe apparaît comme une synthèse d’à peu près tous ce que Mob Psycho nous a présenté jusque-là en matière d'idée ou de réflexion.


La fin de l'arc est d'autant plus satisfaisante qu'elle amène ces idées jusqu'à une certaine forme d'aboutissement, porté par des événements plus ambitieux et des enjeux plus graves.


On retrouve par exemple la question de l'individualité de l'homme au sein d'un système compétitif ou chacun s'entre déchire ou se diminue dans l'espoir d'avoir toujours au moins un peu plus de pouvoir que celui qu'il considère comme plus misérable que soi.


L'expression la plus brutale de cette vision du monde peut une fois de plus être observée à travers les actions de Koyama qui non content de vaincre ses adversaires les humilies, allant même jusqu'à les faire supplier à genoux, leur rappelant qu'ils n'ont pas voix au chapitre dans ce monde.


Pour Koyama celui qui a la force obtient la liberté mais peut aussi définir celle de ceux qui lui sont inférieur. Paradoxalement en suivant cette logique Mob devrait être l'individu le plus libre au monde mais il est pourtant bourré de complexe et de retenu, de doute et d'entrave.


Quand je vous disais que les aspirations et le parcours de Mob étaient profondément opposés aux idéaux de la Griffe !


Un autre point fort intéressant est à relever dans la distinction très claire que Koyama fait entre le monde des adultes, des grands, celui dans lequel opère la Griffe celons ses membres et celui des "gosses", de Mob et de ses camarades.



Attention : Tous ne se résume évidemment pas à une bataille de tranche
d'âge cette distinction sert avant tout à offrir une nouvelle approche
aux thématiques variées de l’œuvre !



Dans le bien nommé chapitre "Maturité" Mob s'agenouille malgré sa force devant plus faible que lui pour faire pardonner les erreurs de son frère.


Peu après Koyama fait s'agenouiller devant lui ces mêmes "faibles" auxquelles Mob avait demandé pardon.


Le parallèle est assez clair, en faisant preuve d'humilité et en prenant ses responsabilités Mob est déjà plus mature que l'adulte rancunier auquel il fait face.


Deux choses qu'au passage Koyama ne fera jamais, émettant des doutes sur la légitimité de ses supérieurs à le commander et refusant d'avouer à ses compagnons qu'il a surtout fuis face à Mob pour sauver sa peau.


Un comportement qui lui coutera au final très cher lorsqu'il rencontrera Mob pour la deuxième fois toujours aveuglé par son orgueil et incapable de reconnaitre ses erreurs.


J'ai dit plus haut que dans ce monde ultra compétitif certains s'affrontent dans l'arène et d'autres se diminuent. Mob Psycho exprime le point de vue de ces derniers directement ou indirectement à travers les sbires de bas étage travaillant pour la Griffe.


La plupart d'entre eux ne voient déjà plus le monde que comme un espace de lutte de pouvoir constant, un pouvoir dont ils espèrent obtenir ne serait-ce qu'une fraction en échange de leur individualité.


Plus violent encore les anciens comme Gen, au contact des "puissants" depuis plus longtemps que les autres, on finit par se convaincre que le talent inné est tout et que peu importe les efforts de l'homme "lambda" il ne pourra jamais faire face aux élus qui sont faits pour prendre les décisions à leur place.


Une vision qui sera soutenue juste après, mais pas sans une certaine nuance, par un commentaire ambigu de Smile se moquant des éveillés qu'il a vaincus (éveillé = humain ayant obtenu des pouvoirs artificiellement) :



Finalement on a le don ou on l'a pas et dans votre cas, vous obtiendrez
plus de résultats en faisant de la muscu.



Le caractère pragmatique de Smile est vraiment l'une des raisons qui font de lui un compagnon très intéressant pour Mob ce dernier étant encore indécis sur bien des sujets.


Mais BreF !


Smile fait ici lui aussi référence au fossé qui sépare les êtres inférieur et supérieur mais nuance son propos en faisant écho discrètement à la première résolution de Mob à savoir entrer dans le club de culturisme et s'améliorer par soi-même.


Mais le thème que l'on vient d'aborder avec ces derniers exemples étant aussi celui central à l'arc de la Griffe je propose que l'on arrête là avec les arrêts sur image pour passer directement au final dudit arc qui devrait, je l’espère, me permettre de conclure cette critique de façon cohérente et non binaire.


(Ne t’inquiète pas, ça va bien se passer.)



Conclusion : On a le don ou on l'a pas ?



Dans ce final fascinant deux idéologies s'affronte de façon jouissive.


D'un côté le gain d’énergie de Reigen fait disparaitre sa crainte d'être vaincu sur le plan physique
de l'autre son ton changeant parfaitement maitrisé lui permet de briser ses adversaires d'une des façons les plus originales qui soient :


En leur faisant la leçon, mettant alors plus que jamais les idées et les mots au centre du conflit.


En plus de cela le nouveau statut de Reigen va de pair avec un énorme coups de pied dans bon nombre de "code" (même si je n'aime pas ce terme) du manga "Shonen" réussissant l'exploit magistral de transformer complètement à la dernière seconde le résultat et les enseignements à tirer de cette rencontre !


Reigen décrédibilise ses adversaires et détruit leur volonté de se battre, il fait bien plus que simplement les surpasser sur le plan physique il annihile leur identité en tant qu'antagoniste !!


Je trouve ça juste géniale !!!


Sans déconner imaginez juste une seconde que dans One Piece un péon lambda devienne surpuissant et obtienne la possibilité d'imposer sa morale au reste du monde ! On balancerait par la fenêtre les rapports de puissance, le parcours de chacun, la logique installée...


Et si le ton ne suit pas ça peut se révéler être une démarche suicidaire en terme de construction d'univers et d'enjeux !


Mais vous savez quoi ?


Mob Psycho l'a fait et son ton est absolument impeccable et les possibilités qu'ouvre cette idée en terme de narration sont justes absolument démentiel !


Hum, HUM, Hum...


Bon ça ce sont les faits et maintenant que je me suis bien pincé les tétons sur ce twist que j'adore tant revenons en aux thématiques.


Les actions combinées de Reigen et Mob vont permettre de dévoiler le genre de carence ou de traumatisme sur lequel c'est construit la Griffe ou du moins la sexion 7.


Et voilà, à mon avis, la philosophie "générale" que l'on peut en tirer en prenant en compte les événements du final ainsi que le discours et actions de ses membres.


À un certain stade de leur existence ils ont réalisé que ce que leur proposait la vie ou plus spécifiquement la société n'était pas en adéquation avec leur parcours fantasmé, leurs rêves.


À partir de là que fais-tu lorsque tu prends conscience que la réalité ne coïncide pas avec tes désirs?


Comment compte tu faire pour accorder ta perception cognitive du monde avec le rejet que tu viens d'essuyer ?


Un refus qui a détruit jusqu'aux fondations de ta propre idéologie, et potentiellement par extension ta raison de vivre ?


La question se pose alors :


Est-ce que tu altères tes croyances ou est-ce que tu altères le monde ?


"Le monde !" répondirent évidemment les membres de la Griffe.


Après tout ils se voient comme des élus et pour cause ils sont bien parmi les rares personnes à pouvoir donner avec certitude une telle réponse à une telle question.


À leurs yeux, leur simple existence confirme qu'ils sont plus légitimes à restructurer le monde qu'à revoir leur comportement. La Griffe n'a pas à questionner les prédicats, les raisons sur lesquelles c'est construit la société ou notre monde car la vérité celons laquelle elle opère est supérieure et intime le monde lui-même à se soumettre à une examination.


Une examination qui pour le coups n'a pas grand chose de scientifique et se trouve être limitée uniquement par les capacités et la volonté des membres de ladite organisation.


L'irrefusable victoire de ceux qui "peuvent" face à ceux qui ne pourront jamais, l’innée foulant du pied les beaux principes et résolution de ceux qui prônent les bienfaits des "acquis".


Pour ne pas citer un philosophe à la moustache carnivore :


"Tout ce qui est rare appartient aux hommes rares."


On en arrive même à parler de structure axiomatique au final !


Mais là ou les choses deviennent d'autant plus intéressantes c'est dans la réponse que Reigen, principalement, va donner à cette philosophie qui bien qu’extrême reste défendable.


Reigen voit dans les membres de la sexion 7 des éternels enfants, des adultes qui auraient dû apprendre des différentes étapes de la vie mais ont refusé son enseignement. Des individus qui vivent dans leur propre monde. Un monde qui favorise leur attitude nombriliste mais pire encore qui a pour projet de d'étouffer le reste de l'humanité de ses croyances.


La société n'a pas besoin de gens égocentriques se prenant pour des êtres supérieur car une société est avant tout constituée de "simple gars du peuple".


Si tu veux jouer au super héros profite de ta jeunesse mais lorsque le moment vient d'affronter la réalité ne te défile pas, tu en sortiras grandi et en tant que simple être humain tu deviendras (potentiellement) meilleur.


La philosophie qui soutient ces idées, celons mon interprétation, va comme suit :


Pour Reigen les capacités que l'on possède, bonne ou mauvaise, sont le résultat de nos acquis, de notre volonté, de notre parcours et bien sur de nos efforts. C'est par ce processus d'acquisition lui-même que l'on apprend à devenir quelqu'un dont l'on peut être fier. Ce parcours idéal étant alors
défini par une pluralité d’expérience dont l'on tire des enseignements, sur le plan sociale, pratique, moral... Et qui nous construit en tant qu'individu.


Une nouvelle porte s'ouvrira d'ailleurs à Mob durant ce final lorsqu’il acquerra une nouvelle connaissance :


Il a le droit de fuir.


"Fuir" pour lui dans cette situation signifiera avoir le droit de déléguer, apprendre à déléguer, à savoir se reposer sur les gens qu'il pensait avoir pour toujours le devoir de protéger.


Le plus important reste avant tout l'enseignement, l'expérience accumulé, plus que la victoire par les actes, la preuve en est que malgré cette belle résolution sans l'aide de Sho le boss de la sexion 7 aurait malgré tout éliminé les alliées de Mob.


Mais cela est juste la preuve que d'autres questions sont encore en suspens et qu'avec se savoir nouveau Mob sera mieux armé pour leur faire face plus tard.


Et malgré cette philosophie que certains pourraient qualifier d’idéaliste Reigen n'est pas naïf, bien au contraire, et c'est justement l'une des choses qui font de lui un personnage aussi intriguant.


Sa position par rapport à ce qui est vertueux ou pas reste ambigu et son statut de "petit escroc" renforce largement cette idée.


En fait Reigen n'est ni un saint ni un démon c'est "simplement" quelqu'un qui a compris les rouages du système et à partir de son expérience s'est construit sa propre philosophie et façon de vivre et je pense qu'en réalité il cherche tant bien que mal un moyen d'offrir à Mob un parcours qui lui permette d'en faire de même.


Au final on retrouve bien dans ces dernières réflexions les thèmes principaux de Mob Psycho abordant les fameuses trois questions : Qui je suis ? Qui je veux devenir ? Et qui je deviens ?
Ainsi que le non moins fameux duel entre l'innée et l'acquis.


On a le don ou on l'a pas ?


Le manga n'a pas encore clairement répondu à cette question alors je ne me permettrai pas de le faire à sa place.


Cependant peut-être que dans l'univers de Mob Psycho, comme le scande l'opening, personne n'est vraiment spécial mais dans le nôtre les choses sont différentes.


Et pour cause je pense sincèrement que Mob Psycho 100 est une œuvre très spéciale, inspiré à quelqu'un qui l'est tout autant, et j’espère qu'à sa manière elle transformera,


ne serait-ce qu'un peu,


l'idée que l'on se fait d'un "bon manga", d'une "bonne histoire", ou voir peut-être même,



d'une bonne vie.


Dr_Stein
9
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le 21 juil. 2018

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Dr_Stein

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