Grant Morrison aime les défis ! Certains diront qu’il en fait toujours trop, je préfère dire qu’il est perfectionniste. Avec Multiversity, le scénariste écossais nous propose un de ses projets les plus ambitieux chez DC Comics ! Une cartographie du multivers DC Comics, en même temps qu’un incroyable aventure cosmique et d’un vibrant hommage au riche passé de l’éditeur.


Le Multivers est composé de 52 Terres parallèles, chacune défendue par ses propres super-héros. Mais quand la Noblesse, une race surpuissante de créatures inter-dimensionnelles décide de s’en prendre à l’intégralité de ces dimensions, les justiciers des différentes terres vont devoir apprendre à agir de concert. Et leur seule arme pour communiquer entre eux se révèle être les comic books !
Multiversity ou le projet initié par le scénariste Grant Morrison de cartographier le Multivers DC dans toute sa diversité. Chaque chapitre est attribué à un dessinateur de renom comme Chris Sprouse (Tom Strong), Ben Oliver (Batwing), Jim Lee (Justice League), Cameron Stewart (Batgirl) ou Doug Mahnke (Green Lantern), et offre une visite d’une Terre parallèle et de ses héros. Petit à petit se tisse une intrigue complexe et démentielle magnifiée par les chapitres d’ouverture et de fermeture réalisés par Ivan Reis (Aquaman).
(Contient les épisodes The Multiversity #1 et 2, The Multiversity Guidebook #1, Multiversity : The Society of Super-Heroes #1, Multiversity : The Just #1, Multiversity : Pax Americana #1, Multiversity : Thunderworld Adventures #1, Multiversity : Mastermen #1 et Multiersity : Ultra Comics #1)


Disons le d’entrée, Multiversity est une œuvre complexe, d’une grande richesse, et qui n’est clairement pas à lire si on n’est pas bien au clair avec les event majeurs que sont Crisis on Infinite Earths, Final Crisis, Infinite Crisis ou encore 52. Autant dire, d’autres mastodontes de l’univers DC Comics. Du moins pour en apprécier toute la richesse, et en comprendre toutes les références.


Mais en même temps, et c’est la force de ce récit, si on est vierge de toutes connaissances de l’univers DC, on peut, néanmoins, pleinement apprécier cet album, tant on rentre facilement dans l’histoire. C’est limpide. Les références et hommages n’étant là, et n’étant perceptibles que par et pour les connaisseurs.


Le concept de Multiversity est assez simple en fait. Avec cette série, Grant Morrison nous propose six histoires complètes, qui lui permettent de rendre hommage à de grandes périodes phares de l’éditeur, tout en nous offrant une aventure cosmique métaphysique et méta-contextuelle. Ce qui est plutôt la marque de fabrique du scénariste écossais.


Tout commence avec Nix Uotan, le dernier des Monitors (et dont nous avions découvert le destin dans Final Crisis, du même Grant Morrison). Accompagné de Mr Stubbs, il continu de protéger le multivers. Malheureusement, sur Terre-7, il subit une attaque de la Noblesse, une entité d’une puissance incommensurable et tombe rapidement ! Une alerte universelle est alors lancée depuis le Planétaire Multiversel pour convoquer des héros des différentes Terres du multivers, pour s’opposer à la Noblesse.


L’occasion est donnée de découvrir, de façon inédite ou plus approfondie, d’incroyables personnages. Captain Carrot de la Terre-26, Calvin Ellis, le Superman président des États-Unis de la Terre-23 ou encore l’Aquawoman de la Terre-11.


Tous ces incroyables personnages sont de fantastiques héros sur leur Terre, mais de simples personnages de comics sur les autres Terres du Multivers. Ce qui fait de ce petit bout de papier un élément centrale de l’intrigue. Certains vilains, utilisant le comics, narrant les aventures de héros d’une autre Terre, pour fomenter son propre plan. Il devient également très vite un moyen de communication entre les différents héros, et le réceptacle de la connaissance sur les événements à venir, à cause de la Noblesse !


Ce nouvel ennemi, imaginé par Morrison et ne servant qu’un maître encore plus singulier mais qui ne se révèle être qu’une référence méta-contextuelle à DC Comics et les très, trop, nombreux reboots éditoriaux qui suppriment, remodèlent, ramènent, oublient, rajoutent tant et tant de personnages pour une simple stratégie commerciale. Ce n’est que l’une des nombreuses critiques du scénariste. Tout le monde y passe, les auteurs, l’éditeur et même les lecteurs.


Dans The Society of Super-Heroes, nous visitons Terre-20, avec une variante de la JSA, et Terre-40, avec une JSA maléfique. Un bel hommage aux années 40, dans le pur style pulp avec des super-héros naissants, des soldats de la Seconde Guerre Mondiale et des zombies.


Avec The Just, direction Terre-16, où une nouvelle génération de héros à remplacer de ses illustres prédécesseurs. Ces derniers ont pratiquement éradiqué le mal, et la jeune génération s’ennuie… Ne sachant que faire de tous ces pouvoirs hormis s’amuser. Un Kingdom Come avec Paris Hilton !


Pax Americana se déroule sur Terre-4. On se retrouve avec une histoire hommage à Watchmen à travers les héros de Charlton Comics. Un épisode d’une très grande richesse, et d’un très grand intérêt.


On retrouve Captain Marvel, Shazam, de Terre-5 dans Thunderworld Adventures. Hommage aux années 50, tant par l’intrigue, les personnages, que les graphismes.


Mastermen, sur Terre-10, on découvre un Superman qui se crash non pas dans le Kansas mais en plein coeur de l’Allemagne en 1939. Se nommant Overman, il permet au IIIème Reich de conquérir le monde. Soixante ans plus tard, dans un monde unifié qu’il dirige d’une main de fer, Overman doit se défaire des Combattants de la Liberté !


Enfin, nous allons sur Terre-Prime, ou Terre-33, dans Ultra Comics, où nous, lecteurs, sommes directement interpellé par certains personnages. Un monde sans super-héros, où des scientifiques vont créer Ultra Comics, un super-héros issu de la pensée collective. Joli pied de nez à tous ces lecteurs insatisfaits qui aiment tant critiquer ce qu’ils lisent.


N’oublions pas la carte du multivers. Une incroyable carte où l’on retrouve les 52 Terres Parallèles, mais également des lieux comme la Plaie, le Mur de la Force Véloce, Neo-Genesis, le Rêve, l’Enfer, les Limbes ou encore le Mur Source (entre autres). Grant Morrison n’oublie rien et nous propose une carte la plus complète et incroyable possible. Sans oublier le Guidebook où il nous dépeint, nous présente la totalité des 52 Terres de façon complète et précise.


Bref, Multiversity est un bouquin incroyable ! Un hommage vibrant ! Une base de références d’une richesse sans commune mesure. Un récit cosmique à couper le souffle. Un must have pour tous les fans de DC Comics.

Romain_Bouvet
8
Écrit par

Créée

le 3 sept. 2021

Critique lue 57 fois

Romain Bouvet

Écrit par

Critique lue 57 fois

D'autres avis sur Multiversity

Multiversity
Jonathan_TJo
6

Attention à la migraine

Multiversity répond à ses promesses et à sa fonction première : celle de "cartographier" le fameux multivers de la continuité Detectives Comics depuis les dernières Crises. En cela il est indéniable...

le 21 nov. 2018

5 j'aime

Multiversity
floflow
9

Critique de Multiversity par floflow

Critique écrite numéro par numéro (même s'il s'agit en fait d'une série de one-shot) (excepté The Just par manque de temps) . Ma note, pour chaque one-shot : The Multiversity #1 : 9 The Multiversity...

le 21 oct. 2014

5 j'aime

1

Multiversity
Romain_Bouvet
8

Vibrant hommage

Grant Morrison aime les défis ! Certains diront qu’il en fait toujours trop, je préfère dire qu’il est perfectionniste. Avec Multiversity, le scénariste écossais nous propose un de ses projets...

le 3 sept. 2021

Du même critique

Le Deuil de la famille - Batman, tome 3
Romain_Bouvet
3

Un Joker qui n'en a que le nom, un Batman qui n'en est pas un...

À peine remis de son éprouvant combat contre la Cour des Hiboux, Batman voit revenir son pire cauchemar, le plus terrible de ses adversaires : le Joker ! Et cette fois-ci le Clown Prince du Crime est...

le 14 févr. 2014

17 j'aime

4

Batman : Silence
Romain_Bouvet
4

Trop d’étalages!

Batman Silence ! Le run de 12 numéros du duo Jeph Loeb et Jim Lee, ou comment essayer de faire intervenir le plus de personnages possibles en un court laps de temps. C’est la première chose que l’on...

le 13 déc. 2013

17 j'aime

5