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6.4
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Comics de Alan Moore et Jacen Burrows (2013)

Disons le franchement, en achetant ce comics et en le commençant je ne savais absolument pas dans quoi je m’embarquais. Et lire au dos du volume que ce récit était un hommage d’Alan Moore à H.P. Lovecraft ne m’aidais pas davantage, vu que, je le dis honnêtement, je ne connais rien à l’œuvre de Lovecraft. (Oui, je sais, honte à moi !) Toujours est-il que le nom d’Alan Moore m’a suffit pour franchir le pas. C’est toujours risqué de se lancer dans une lecture ainsi à pile ou face. Mais bon, généralement, Alan Moore est plutôt gage de qualité chez moi.

Des agents du FBI visitent l’un de leur ancien collègue interné dans un asile psychiatrique. Deux crimes lui ont été imputés. Depuis, ce dernier, Sax, ne parle plus, mais cela n’empêche pas Lamper et Brears d’enquêter sur cette sombre histoire. De l’univers des dealers de leur ville, aux cercles fermés d’initiés à des rituels sexuels pour le moins étranges, les deux agents sont bien loin d’imaginer ce qui s’est réellement passé…

Avant l’histoire en elle-même, nous avons le droit à un prologue, en deux parties : Côté Cour, œuvre d’Alan Moore, adaptée par Antony Johnston. On y suit l’enquête de l’agent Sax, sur une vaste série de meurtres. Des meurtres d’une rare violence et extrêmement malsains. Le hic c’est que cette série de meurtres a été faite non pas par un tueur, mais trois. Trois personnes ne se connaissant pas, n’ayant aucune affinité les uns avec les autres mais ayant commis les mêmes rituels, les mêmes atrocités ! Son enquête va le mener, hélas pour lui, beaucoup trop loin…
Mise en page assez originales pour ce prologue, Jacen Burrows signant deux grandes cases tout en longueur par page.

L’histoire commence quelques temps après cela. Les agents Gordon Lamper, grand balèze afro-américain assez terre-à-terre, et Merril Brears, qui revient d’une longue pause suite à une addiction sexuelle, viennent interroger l’agent Sax, après qu’il ai commis deux meurtres, dans une sorte d’asile pénitentiaire du gouvernement de très haute sécurité. L’agent Sax a, en effet, à son tour commis les mêmes horreurs que celles sur lesquelles sil enquêtait. Malheureusement, cet entretien ne mènera nulle part, Sax ne parlant en effet plus le même langage que nous…

Les deux agents vont devoir reprendre l’enquête de Sax depuis le début, avec toute une équipe derrière eux, hors de question que le désastre Sax ne se reproduise. Et c’est l’agent Brears qui va faire un lien entre tous ces meurtres, entre tout ce qui a un lien avec ces meurtres et les écrits d’H.P. Lovecraft ! Dès lors, une chute dans l’horreur, le fantastique et l’inexplicable attend nos deux agents. Ils ne pourront réaliser ce qui leur arrive ni dans quoi ils sont tombés tant cela dépasse l’entendement humain.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que cet univers est assez particulier. Je ne jugerais pas si l’hommage est bon, ne connaissant pas cet univers, mais une chose est sûr, c’est qu’il est assez fantastique et malsain. Des créatures horrifiques, une secte de tarés mêlant cet univers bizarre à des orgies bien hard ou le consentement se mêle au viol. D’ailleurs en parlant de ça, je trouve le passage avec l’agent Brears, de cette meute en constante manque de sexe, de cette créature et du viol très violente pour ne pas dire trop. Et sans vouloir paraître plus vieux que je ne le suis, je trouve qu’un tout petit « pour lecteurs avertis » en bas de la quatrième de couverture, un tantinet insuffisant. C’est le genre de lecteur, pour les néophytes de cet univers qui mérite un signalement un peu plus significatif.
Des scènes malsaines et sales donc, un langage excluant pour les néophytes et des passages où l’on se croirait en plein trip rappelant le manga Ultra Heaven. Un véritable shoot pour nos rétines. Agressif, immersif et représentatif.

Au niveau des dessins, un sans faute de Jacen Burrows que je découvre sur ce titre. Très à l’aise avec cette ambiance fantastico-horrifique. Les personnages sont bien caractérisés, les expressions criantes de vérités (la scène de viol encore une fois), les personnages crédibles avec leurs défauts, le côté malsain parfaitement oppressant.

Bref, en tant que néophyte de cet univers, j’ai apprécié cette lecture, un peu bizarre, certains passages excluant notamment lorsqu’il y a des référence à l’univers d’H.P. Lovecraft, mais Alan Moore réussit son pari vis-à-vis de moi en me donnant l’envie de découvrir cet univers. L’ambiance est merveilleusement oppressante, on pourrait sursauter au moindre mouvement de porte, et ce côté malsain qui nous dérange tout au long de la lecture se mêlant à la curiosité de découvrir un univers qui promet d’être si riche, si énorme.
Très bonne lecture donc, mais à ne pas mettre entre toute les mains.
Romain_Bouvet
7
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Créée

le 3 mai 2014

Critique lue 797 fois

2 j'aime

Romain Bouvet

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