NonNonBâ
7.9
NonNonBâ

BD de Shigeru Mizuki (1977)

"A toutes les choses que l'on ne peut pas voir mais qui existent."


Au début de l'ère Shōwa (1926-1989), Shigeru Murata est un jeune garçon plein d'imagination qui aime dessiner des histoires fantastiques et s'amuser à jouer à la guerre avec les autres gosses de son âge, lorsque ses parents décident d'accueillir l'inénarrable NonNonBâ sous leur toit, ils ne se doutent pas que leur fils va trouver un formidable mentor et guide de vie en la personne de cette vieille dame superstitieuse... Abreuvant Shigeru de quantités d'histoires sur les monstres aux milles visages que sont les Yōkai et vieilles légendes animistes, NonNonbâ bouleverse l'univers du garçonnet le teintant de magie et de mystère.


Autobiographie romancée de l'un des plus grands mangaka de son temps, cette œuvre n'ayant pas fait beaucoup de bruit auprès du public français, a néanmoins été saluée par la critique (qui lui attribua le Grand prix d'Angoulême en 2007). On est face à un excellent One-Shot plein d'humour, de fantaisie et de drames qui expose avec brio et simplicité la manière dont s'est construit l'imaginaire de cet auteur (surtout connu en France pour l'étrange, burlesque et grotesque Kitaro, le repoussant) ayant consacré sa carrière à la rédactions de mangas et autres travaux autour des mythes et légendes appartenant au folklore japonais et de son sujet de prédilection: les Yōkai.


Faisant se confondre réalité et rêverie avec un coup de crayon affirmé, Shigeru Mizuki offre un récit personnel et décalé qui sonne étrangement juste: parfois doux-amère mais toujours subtile (la propagande militariste à laquelle étaient exposés les gamins de l'époque est très finement évoquée par exemple) avec des personnages entiers et attachants (on retiendra notamment NonNonBâ -évidemment- mais aussi le père de Shigeru -épris de modernisme et rêvant du futur- qui sont assez dichotomiques l'un de l'autre et représentent le défi d'équilibriste auquel joue encore actuellement le Japon, voulant toujours aller plus loin dans le progrès et dans les avancées futuristes mais dans un même temps soucieux de préserver ses plus anciennes traditions...), NonNonbâ offre définitivement un très bon moment de lecture.


Un très beau titre qui mérite le détour que l'on connaisse ou non l’œuvre du formidable Shigeru Mizuki, disparu il y a peu.

crapule
8
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le 19 déc. 2015

Critique lue 277 fois

crapule

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