Après le drame de "L'Aigle sans orteils", Lax récupère sa fille (orpheline, donc), et son ami, Camille Peyroulet, pour nous replonger dans le Tour de France, la Guerre de 1914-1918, et la rudesse de la vie des mineurs du Nord de la France.

La Guerre: mutilés, gazés, tués, veuves et orphelins émaillent ce récit, tandis que le cassant et brutal directeur de l'orphelinat où survit Reine Fario, la fille de "L'Aigle sans orteils", a pour obsession de confiner les femmes en pondeuses afin de remplacer les vies fauchées pendant le carnage mondial.

Le Tour de France: les héros de cet album sont évidemment des passionnés du Tour, qu'ils vont voir passer, au risque de déplaire aux petits chefs de la mine de charbon dans laquelle ils travaillent. Là plus qu'ailleurs, il faut être passionné par le Tour de France pour trouver un intérêt à ce que l'on exhume les noms et les souffrances de ces antiques gloires du Tour des années de la Guerre de 1914-1918. Le Paris-Roubaix et l'enfer des pavés du Nord sont également bien mis en scène.

La mine de charbon: boisage, précarité, insécurité, extrême rudesse des veines de charbon attaqués à la barre de mine, et le "Pain d'Alouette", défini comme "quelques morceaux du casse-croûte du mineur que le père garde dans sa musette pour ses enfants. C'est rassis à s'en briser une dent, ça sent la sueur, ça a un goût de charbon, mais ça vient du fond..."

L'intrigue tourne autour de Reine Fario, maltraitée dans son orphelinat, traumatisée, et que l'on cherche à faire changer d'établissement. Le dénuement et l'inhumanité de ces établissements sont bien mis en valeur par Lax.

L'auteur insère une problématique politique gauche-droite dans son récit: pacifisme, prolétariat exploité, critique des monuments aux morts qui entretiennent l'esprit de revanche et le nationalisme, critique de "La Marseillaise" en tant qu'hymne guerrier, sain dérivatif du Tour de France pour un petit peuple qui n'en a guère d'autre, et qui acclame l'enfant du pays en le voyant passer...

Les couleurs dominantes vont du gris à l'ocre, en passant par le jaune, souvent associé aux souvenirs évoqués.

De beaux sentiments humains sur la cruauté d'une époque, et un contexte bien évoqué, en dépit de choix qui passionneront plus ou moins le lecteur...
khorsabad
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le 6 août 2011

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