En voyant le nom de l’auteur, j’ai pensé à un autre Peeters, Benoit, celui des cités obscures, mais j’ai vite compris que la ressemblance s’arrêtait au nom de famille.


Ici Frederik Peeters se raconte: Fred est jeune, attiré par une fille qu’il croise plusieurs fois, en nous faisant comprendre qu’elle va avoir de l’importance par la suite, et puis un jour Elle est là.
Elle, et sa maladie.
On découvre sa tragédie et ses implications en même temps que l’auteur/narrateur, et l’identification est totale.
On souffre avec eux, on doute, on pleure, on rit, on sourit de certaines hésitations du début, parce qu’il y des questions universelles, ou au contraire parce qu’on a déjà appris la réponse à d’autres, comme une leçon obligatoire.


Comme beaucoup, je suis pile dans la “génération sida”: le virus a été identifié à l’époque où je naissais, j’étais au collège lors de la médiatisation du VIH, le premier sidaction, les reportages, les campagnes de sensibilisation à l’école… je crois faire partie de la première génération qui a grandi en en sachant plus sur cette maladie que sur la grippe.
C’est comme si on m’avait enseigné le VIH au même titre que les théorèmes de math, les dates historiques, ou le nom des villes japonaises. J’ignore si on en parle encore autant aux collégiens qu’à mon époque d’ailleurs.
Du coup, lire pillule bleues c’est comme si je faisais un rappel de vaccin: comme une alerte, un “coucou c’est encore là”, et ça fait froid dans le dos.
Ça fait mal et en même temps c’est nécessaire de lire ce genre de récit, de se rendre compte des peurs de l’auteur, du nombre de choses qu’on peut raconter en peu de pages: les hauts, les bas, la paternité, l’enfant malade, les hôpitaux, les médecins, l’entourage, et l’envie de vivre, de s’aérer, de partir.
Montrer qu’une vie avec le VIH c’est compliqué mais possible, ça fait du bien, ça rappelle que les personnes séropositives sont des personnes avant d’être séropositives. Si on a la chance de ne pas être malade (ou d’avoir juste une bête gastro par exemple), on relativise et on se rappelle que même touché, la vie continue à être belle, et que malgré tout un malade reste un humain avec ses sentiments, ses doutes, ses faiblesses, et ses espoirs, et des gens à aimer ...

iori
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste BD du top 111 à découvrir

Créée

le 16 nov. 2016

Critique lue 181 fois

iori

Écrit par

Critique lue 181 fois

D'autres avis sur Pilules bleues

Pilules bleues
Nanash
9

Critique de Pilules bleues par Nanash

Quand on est enfant on se dit que pendant la seconde guerre mondiale, on aurait surement été un résistant exemplaire, qu'on aurait tenu une fourche plutôt qu'un sceptre à la révolution. Bref, on a...

le 28 mars 2013

11 j'aime

1

Pilules bleues
Nonivuniconnu
9

Sblaf

Ce sont des choses qui arrivent. On se lance dans une œuvre quelconque pour une raison qui l’est tout autant … et on se prend une droite dans la gueule sans prévenir. Là, j’ai encore mal de celle que...

le 16 sept. 2014

10 j'aime

Pilules bleues
Vef
10

L'histoire autobiographique d'un amour naissant avec l'ombre pesante des pilules bleues

Une bande dessinée comme une confession. Un pendant de vie croqué pour l'auteur lui-même presque plus que pour les lecteurs. Et puis non, il y a aussi ce magnifique message qui nous atteint. Le...

Par

le 1 mai 2016

8 j'aime

Du même critique

Adults in the Room
iori
8

La dette qui avait trop de Grèce (ou l’inverse)

Voici un film qui illustre parfaitement une certaine idée du cinéma, celle qui permet à des orfèvres de s’emparer de sujets politiques difficiles, abscons et d’en donner une interprétation qui permet...

Par

le 24 oct. 2019

31 j'aime

Jalouse
iori
7

Le cas-Viard

Comme quoi c’est possible de faire une comédie qui force le trait sans tomber dans la danyboonite aigüe (une maladie de la même famille que la kev'adamsite ou la franckdubosquite). Karine Viard...

Par

le 14 sept. 2017

27 j'aime

9

Les Cowboys
iori
8

Kelly watch the stars

François Damiens dans un film qui s’intitule “les cowboys”, où il incarne un père de famille fan de country dans les années 90. Voilà une base qui donne envie. Envie de fuir bien loin. Sauf que ça se...

Par

le 18 nov. 2015

24 j'aime

7